Inondations: le bus, pis-aller après les dégâts sur la ligne TER St-Étienne-Lyon
Son emploi du temps d'étudiante n'a pas changé, mais Dila Acar doit dorénavant se lever en pleine nuit pour quitter Saint-Étienne et rejoindre Lyon, afin d'être à l'heure à l'université.
La ligne de TER entre les deux villes, l'une des plus fréquentées de l'Hexagone, est coupée pour travaux après des dégâts dus aux récentes inondations.
Et "tout est plus compliqué" avec les bus SNCF de remplacement, dit-elle. "J'en peux plus", résume l'étudiante en droit de 19 ans, bien au chaud dans son écharpe à carreaux, avant le départ.
Avant l'aube, face à la gare de Saint-Étienne, la file d'attente d'usagers, comme elle, avance vite et le ballet des autocars est fluide.
Dila attrape l'un des derniers de la matinée affiché à 7H20. Direction Givors, en métropole lyonnaise, où elle pourra alors récupérer le train jusqu'à Lyon.
Elle arrivera à 09H06, soit un peu moins de deux heures de parcours au total, alors que "on est plutôt sur un trajet de 50 minutes", explique-t-elle. La veille, son réveil avait sonné bien plus tôt pour sauter dans le bus de 5H20.
Le système ne fonctionne qu'aux heures de pointe, dans les deux sens. Sinon il faut prendre des TER via Roanne, soit un détour de 2H30.
Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le Centre-Est de la France il y a une semaine ont causé d'importants dégâts sur la ligne TER Lyon-Saint-Étienne, habituellement empruntée chaque jour par 20.000 voyageurs. Seul le tronçon Lyon-Givors a pu rouvrir depuis.
Mardi, des bus de substitution ont été déployés par la SNCF, effectuant plusieurs départs matin et soir à chaque extrémité de la portion paralysée.
Une femme avec un bébé dans les bras, un jeune ouvrier en bleu de travail, un touriste pressant le pas une valise à la main : ceux contraints d'avoir recours à ce moyen de substitution présentent leur billet TER, puis chacun trouve sa place, du moins pour l'instant.
"Ce sont les vacances de la Toussaint", avec une moindre fréquentation, souligne Nicolas Peyrard, vice-président de l'Adulst (Association de défense des usagers de Lyon-Saint-Étienne).
Autre explication à ce trafic plus calme qu'attendu: "Ceux qui montent à Saint-Étienne ne représentent que 50% des usagers de la ligne", précise-t-il à l'AFP.
Les deux autres communes de la Loire desservies par celle-ci, Saint-Chamond et Rive-de-Gier, sont en effet boudées par le service d'autocars. "Vu qu'il n'y a pas de train, il y a aussi beaucoup plus d'usagers sur les routes et tout le monde est retardé" par des embouteillages, déplore Yoann Embareck, artisan de 33 ans et habitant de Saint-Chamond, qui se rend souvent à Lyon en voiture.
- "Trois semaines environ" -
Pendant ce temps, en bordure de Saint-Chamond, à L'Horme, des "cordistes" vêtus de combinaisons et casques de chantier orange fluo descendent en rappel sur l'armature du viaduc de Vauron, qui enjambe le ruisseau Onzion et porte la voie ferrée reliant Lyon et Saint-Étienne.
Ils observent, tapent la pierre à l'aide d'un marteau. "Beaucoup d'eau a circulé au niveau des fondations, ils s'assurent de leur solidité puis remontent la structure petit à petit", indique Christophe Richard, responsable régional de la maintenance des sites SNCF, lors d'une visite de presse.
Le viaduc de Vauron est l'une des trois zones particulièrement endommagées par les deux récentes périodes d'intempéries (dépression Kirk et tempête Leslie), où la SNCF doit maintenant effectuer des travaux pour de nouveau sécuriser les lieux.
Ici, les pluies ont provoqué un important glissement de terrain. Une large excavation est visible dans le talus en contre-bas des rails, et, au niveau du cours d'eau, une pelleteuse et plusieurs hommes sont à pied d'oeuvre.
Ils consolident les berges de la rivière en bâtissant des structures en béton, puis reconstitueront le talus qui ne pourra ainsi plus glisser.
Béatrice Leloup, directrice territoriale SNCF Réseau Auvergne-Rhône-Alpes, promet que les travaux dureront "trois semaines environ". Une réouverture partielle sur une seule voie de la ligne TER pourrait être envisagée avant.
Toutefois, "les conditions climatiques conditionnent ces délais", tempère-t-elle. Un nouvel épisode cévenol est attendu dans les prochains jours et "il pourrait y avoir de nouveaux dégâts", prévient-elle.
P.Mueller--MP