Münchener Post - Les migrants pleurent un pape qui les défendait face à Donald Trump

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Les migrants pleurent un pape qui les défendait face à Donald Trump
Les migrants pleurent un pape qui les défendait face à Donald Trump / Photo: Herika Martinez - AFP

Les migrants pleurent un pape qui les défendait face à Donald Trump

De la frontière Mexique-Etats-Unis au Chili en passant par le Honduras, des migrants d'Amérique latine rencontrés par l'AFP portent le deuil du pape argentin François qui les a défendus face aux politiques répressives de Donald Trump.

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La Colombienne Yulieth Cuéllar se souvient d'un pape qui "priait beaucoup pour nous, les migrants", à Ciudad Juárez dans le nord du Mexique aux portes des Etats-Unis, où le jésuite argentin décédé lundi avait célébré une messe près de la frontière lors de sa visite en février 2016.

Dans un plaidoyer pour les migrants, François avait alors découvert "la terre promise où ne ruisselle ni le lait ni le miel", d'après les souvenirs de l'évêque de Ciudad Juárez, José Guadalupe Torres, lors d'une messe lundi à la mémoire de François.

"Ses prières touchaient profondément", ajoute la Colombienne de 28 ans bloquée à Ciudad Juárez en raison de l'annulation de programmes migratoires par le président américain Donald Trump dès son retour au pouvoir le 20 janvier dernier.

Yulieth Cuéllar fait partie des quelque 3.000 migrants qui cherchent depuis à s'installer à Ciudad Juárez.

"C'était un grand pape", ajoute la jeune femme dans un réfectoire de l'Église catholique où la solidarité s'organise autour des candidats à l'exil.

- "Terribles injustices" -

Lors de sa visite à Ciudad Juárez le 17 février 2016, le pape avait célébré une messe qui s'adressait également aux fidéles réunis de l'autre côté du rio Bravo/rio Grande dans le stade de l'université d'El Paso.

"Grâce à la technologie, nous pouvons prier, chanter et célébrer ensemble cet amour miséricordieux (...) qu'aucune frontière ne pourra nous empêcher de partager", avait-il conclu.

Le descendant d'exilés italiens avait aussi dénoncé le "chemin chargé de terribles injustices" des migrants d'aujourd'hui "esclavagisés, séquestrés, victimes d'extorsions".

Et il avait prié pour les migrants devant une croix plantée près d'un grillage que Donald Trump a ensuite remplacé par une barrière métallique.

En mars 2023, le pape avait prié pour les 40 étrangers - principalement vénézuéliens - morts dans l'incendie d'un centre de détention à Ciudad Juárez le 27 mars 2023.

A plusieurs reprises, le pape a défié Donald Trump et sa politique anti-migrants.

"Une personne qui veut construire des murs et non des ponts n'est pas chrétienne", avait lancé François en 2016, en pleine campagne présidentielle aux Etats-Unis, avant la première victoire du candidat républicain.

L'expulsion de migrants "porte atteinte" à leur dignité, avait-il répété dans une lettre adressée aux évêques américains après le retour de Trump au pouvoir le 20 janvier.

François demandait à Trump de "cesser le harcèlement des migrants", se souvient le Vénézuélien Ericxon Serrano, 35 ans, rencontré à des milliers de kilomètres au sud de Ciudad Juárez, au Honduras.

C'était "une personne merveilleuse", ajoute Ericxon Serrano à Tegucigalpa, sur le chemin du retour à Caracas avec sa femme et ses deux jeunes enfants.

"Il nous a beaucoup encouragés, nous les migrants, il donnait ses mots d'encouragement à tous ceux qui quittent leur pays", assure une autre Vénézuélienne, Marisela Guerrero, 45 ans, arrivée au Chili il y a quelques mois.

Le pape n'a pas réussi à stopper l'offensive de Trump, qui a réduit drastiquement le nombre de candidats à l'exil par la frontière de 3.100 km entre le Mexique et les Etats-Unis.

Donald Trump a annoncé qu'il irait aux obsèques du pape François à Rome avec sa femme Melania. "Nous sommes impatients d'y être!", a-t-il dit sur son réseau Truth Social.

A Ciudad Juárez, une statue de 4,8 m de hauteur représentant le pape a été érigée en 2017 près du mur qui marque la frontière avec El Paso, le Texas et les Etats-Unis.

La statue se trouve près d'un centre d'accueil pour les Mexicains rapatriés des Etats-Unis.

François était un "ange défenseur des migrants", affirme le père Francisco Calvillo, responsable du centre d'accueil Casa del Migrante (Maison du migrant) à l'époque de la visite papale.

En plein deuil, ce prêtre espère que François transmettra au Saint-Père cette demande: "un pape, plus d'évêques, plus de prêtres, plus de laïcs sensibles à cette réalité" de l'immigration.

J.P.Hofmann--MP