Münchener Post - Haie d'honneur à l'arrivée du corps de Colonna en Corse avant ses obsèques vendredi

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Haie d'honneur à l'arrivée du corps de Colonna en Corse avant ses obsèques vendredi
Haie d'honneur à l'arrivée du corps de Colonna en Corse avant ses obsèques vendredi

Haie d'honneur à l'arrivée du corps de Colonna en Corse avant ses obsèques vendredi

La dépouille d'Yvan Colonna est arrivée à Ajaccio mercredi soir accueillie par une haie d'honneur de centaines de personnes, avant les funérailles vendredi à Cargèse du militant indépendantiste corse condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac en 1998.

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Au moins 1.500 personnes, selon les autorités, étaient massées le long de la route quittant l'aéroport pour lui rendre hommage. Des lumignons rouges étaient alignés sur le bitume et des centaines de drapeaux corses représentant une tête de Maure coiffée d’un bandeau blanc étaient brandis, a constaté un journaliste de l'AFPTV.

Yvan Colonna a été violemment agressé le 2 mars dans la salle de sport de la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône) par un codétenu qui purgeait une peine pour terrorisme.

Après presque trois semaines de coma, cet ancien berger est décédé lundi soir à 61 ans dans un hôpital marseillais.

Depuis l'annonce de son décès, le recueillement a prédominé sur l'île, contrastant avec les scènes de violences qui ont émaillé les différentes manifestations de soutien pendant près de deux semaines.

La Collectivité de Corse a mis dès mardi ses drapeaux en berne. Interrogé à ce sujet mercredi lors d'une interview à M6, le président Emmanuel Macron a dénoncé "une faute". "C'est inapproprié", a ajouté, sans autre commentaire, le chef de l’État.

Mercredi soir, une dizaine de drapeaux corses mis en berne ont été accrochés par des manifestants aux grilles extérieures de la préfecture d'Ajaccio, avec la banderole "Gloire à toi Yvan" en corse.

Ses obsèques auront lieu vendredi à 15h00 à Cargèse, son village familial de quelque 1.300 habitants de l'ouest de la Corse, selon des sources proches du dossier et Me Patrice Spinosi, l'un des avocats de la famille du défunt.

Aucun détail n'a filtré à ce stade sur le déroulé de la cérémonie.

- "J'ai agi seul" -

Soucieux de calmer les tensions à moins de trois semaines de la présidentielle, le gouvernement a fait plusieurs gestes d'apaisement ces derniers jours: annonce de négociations sur une possible autonomie de la Corse, rapprochement d'ici mi-avril à la prison corse de Borgo des deux autres détenus du commando Erignac, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri.

Yvan Colonna réclamait lui aussi son rapprochement de longue date en Corse mais n'avait jamais pu l'obtenir en raison de son statut de détenu particulièrement signalé (DPS).

Beaucoup de Corses estiment qu'en ayant refusé cette demande, l’État a une part de responsabilité, d'où le slogan "État français assassin" largement présent dans les manifestations des dernières semaines qui ont parfois été très violentes.

Différentes enquêtes doivent permettre d'éclaircir les circonstances de cette agression qui a duré près de huit minutes, filmée par une caméra, sans qu'aucun surveillant n'intervienne. C'est l'agresseur lui-même qui avait alerté les gardiens, expliquant que Colonna avait "fait un malaise".

Mardi, le Parquet national antiterroriste (Pnat) a requis une requalification de la mise en examen de son agresseur en "assassinat en relation avec une entreprise terroriste".

"Yvan a tenu des propos blasphématoires envers Dieu" mais "il n'y avait rien de personnel" dans cette agression, a déclaré Franck Elong Abe, selon le premier procès-verbal d'audition consulté par l'AFP et dont des éléments ont été publiés mercredi par le quotidien Libération.

Ce Français né au Cameroun a également indiqué aux enquêteurs que lorsque les deux hommes "abordaient le sujet de la religion", Yvan Colonna "faisait des reproches à Dieu, il blasphémait".

"Je considère que Dieu a frappé Yvan Colonna à travers mes mains", a-t-il répété, ajoutant: "Je n'ai agi pour le compte d'aucun groupe, qu'on soit bien clair. J'ai agi seul".

Il a aussi semblé écarter une préméditation pour commettre l'agression: "Cela m'est venu d'un coup. Moi j'appelle ça le mektoub, le destin", a-t-il dit, précisant que "quelqu'un qui aurait prémédité un tel acte aurait réfléchi" à toutes les lourdes conséquences.

Les conclusions de l'inspection administrative sont elles attendues début avril et les auditions à l'Assemblée se poursuivent.

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F.Hartmann--MP