

Avec "Bandi", Netflix mise sur la Martinique en toute "authenticité"
Une voiture blanche dévale une pente en marche arrière, tonneau spectaculaire à la clé. A Saint-Joseph, au cœur des mornes martiniquais, la cascade est maîtrisée: elle fait partie du tournage de "Bandi", future série Netflix imaginée par Éric Rochant et tournée localement.
Créée par le réalisateur du "Bureau des Légendes" et sa fille Capucine Rochant, "Bandi" est une série en huit épisodes produite par Maui Entertainment. Le tournage, entamé en décembre, se poursuit jusqu'en juin avant une sortie prévue en 2026.
Presque entièrement tournée en Martinique, la série suit une famille "qui bascule brutalement dans le monde criminel" après le décès de la mère, explique à l'AFP Pauline Dauvin, vice-présidente des contenus France de Netflix.
"On voulait faire une série qui se démarque des milieux qu'on voit souvent" dans les "histoires de gangsters", résume Eric Rochant à l'AFP en marge du tournage à Saint-Joseph.
Aux yeux du réalisateur, le cadre naturel de la Martinique offre "une image qui n'est pas la même" qu'en France hexagonale. L'environnement "est extrêmement coloré" et "fait penser au Brésil, à Cuba", résume-t-il.
Mais la Martinique n'a pas seulement fourni le décor de cette série: l'île antillaise est au coeur du projet et fournit l'essentiel des acteurs, y compris ceux des personnages principaux et récurrents.
- Tournage local -
Les techniciens sont aussi martiniquais, comme la totalité des 1.500 figurants recrutés localement lors d'un casting auquel 4.000 personnes ont participé.
Eric Rochant est intarissable sur "la spontanéité, le naturel, l'enthousiasme" des jeunes acteurs, quasiment tous amateurs.
Tous font preuve d'un "professionnalisme sans faille", se réjouit le créateur de la série dont le titre signifie, en créole, "bandit" mais aussi "jeune débrouillard" ou "enfant intrépide, effronté".
Quelques répliques seront d'ailleurs en créole. "Pour ça, il a fallu négocier avec Netflix", sourit Khris Burton, l'un des scénaristes de la série.
Ce quadragénaire martiniquais d'origine guyanaise a "écrit les épisodes trois et six, en collaboration avec Capucine et Eric Rochant". Il mesure l'importance du projet pour l'île.
"C'est la toute première fois que je travaille sur une série de cette ampleur en Martinique", dit-il, saluant "l'authenticité" de la série et soulignant avoir pu écrire des scènes se déroulant dans le "quartier un peu difficile" où il a grandi.
"On peut mettre des parties de notre réalité dans cette fiction qui va voyager à l'international", souligne-t-il.
"La réalité martiniquaise permet de raconter" et de "montrer des personnages que personne n'aura vu avant", abonde Eric Rochant.
Cette démarche satisfait aussi les élus martiniquais, venus sur le tournage le jour de la venue de l'AFP à Saint-Joseph. "Les jeunes ont été choisis, ils n'avaient aucune formation", note Lucien Saliber, le président de l'Assemblée de Martinique: "Une telle action ne peut être que bénéfique".
Les producteurs ont financé le passage de permis moto et voiture pour certains jeunes afin de faciliter le tournage. Une vingtaine de scénaristes martiniquais ont "ont assisté à des formations en distanciel" et "certains ont été recrutés", se félicite aussi la députée (PS) Béatrice Bellay.
Elle dit désormais vouloir "mettre en place des conditions" pour la création d'une "filière" audiovisuelle sur l'île, encore balbutiante malgré l'appétence croissante des producteurs pour les Caraïbes.
Après le succès régional du film de gangster "Zion" et les tournages en Guadeloupe de plusieurs séries policières, "Bandi" marque une nouvelle étape dans cette dynamique.
Eric et Capucine Rochant "ont eu la folie de se dire qu'ils pouvaient faire ce projet en Martinique", s'enorgueillit Khris Burton: "Pour moi, c'est une grande fierté. Et on a envie d'honorer ça".
I.Frank--MP