Münchener Post - Le procès en appel des attentats de janvier 2015 s'est ouvert à Paris

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Le procès en appel des attentats de janvier 2015 s'est ouvert à Paris
Le procès en appel des attentats de janvier 2015 s'est ouvert à Paris / Photo: Emmanuel DUNAND - AFP

Le procès en appel des attentats de janvier 2015 s'est ouvert à Paris

"Remettre tout à plat": plus de sept ans et demi après les attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo et le magasin Hyper Cacher en janvier 2015, le procès en appel de deux soutiens présumés des auteurs des attaques jihadistes s'est ouvert lundi à Paris, en présence d'une poignée de victimes.

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Pendant trois jours de terreur, du 7 au 9 janvier 2015, les frères Saïd et Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly portaient le combat jihadiste sur le sol français, contre la liberté d'expression, les forces de l'ordre et la communauté juive, et tuaient 17 personnes.

Leur périple meurtrier et coordonné avait pris fin avec leur mort lors d'un double assaut policier.

Rejugé pour complicité de ces crimes, deux ans après avoir été condamné à trente ans de réclusion criminelle, Ali Riza Polat, Franco-Turc de 37 ans, s'est défendu en fin de journée, dès son premier interrogatoire, d'être "un terroriste".

"On dit que j'ai fait ceci, que j'ai fait ça. C'est des mensonges", s'est agacé M. Polat, qui avait marqué la première audience par ses coups de colère.

Au cours de ce nouveau procès, "on va remettre tout à plat, y'a pas de problème", a lancé le volcanique accusé, serré dans sa chemise rose.

A quelques mètres de lui dans le box, les traits tirés et les muscles saillants sous son tee-shirt couleur parme, Amar Ramdani est beaucoup moins prolixe, répondant du bout des lèvres aux questions sur son parcours de vie.

La voix de l'accusé de 41 ans se brise ensuite à l'évocation de son enfance et de son départ d'Algérie pour la France à l'âge de 6 ans, sans ses frères et soeurs.

Amar Ramdani était lui aussi un proche d'Amedy Coulibaly, qu'il avait connu en détention. "J'ai été trahi par mon ami", avait-il déclaré au cours de la procédure.

Accusé de soutien logistique, il avait fait appel après avoir écopé de vingt ans de réclusion.

- "Vies détruites" -

Leur nouveau procès est prévu jusqu'au 21 octobre.

Seules quelques parties civiles - sur les près de 300 constituées - étaient présentes à l'ouverture des débats.

Parmi elles, le directeur de la publication de Charlie Hebdo, Riss, blessé dans l'attentat, l'ex-chroniqueuse Sigolène Vinson, rescapée de l'attaque, ou l'ex-otage de l'Hyper Cacher Lassana Bathily.

"Nos vies ont été détruites il y a sept ans", a souligné Gala Renaud, la veuve de Michel Renaud, assassiné dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.

"En ce qui concerne les parties civiles, ce qu'on espère, c'est que peut-être quelques zones d'ombre seront levées", a fait valoir Me Elie Korchia, avocat de victimes de l'Hyper Cacher.

L'instruction titanesque et les débats en première instance n'ont pas permis de dissiper toutes les zones d'ombre entourant les attentats, du circuit des armes aux commanditaires des tueries commises au nom d'Al-Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa) pour les frères Kouachi et de l'Etat islamique (EI) pour Amedy Coulibaly.

- "Revenir à la raison" -

Ali Riza Polat est notamment soupçonné d'avoir organisé la recherche d'armes pour Amedy Coulibaly, originaire comme lui de Grigny (Essonne), et d'être intervenu à tous les stades des préparatifs des attaques, ce qu'il rejette en bloc.

"Ce procès sera l'ultime occasion de corriger les erreurs d'une chaîne judiciaire dépassée par l'ampleur de ces attentats, et de revenir à la raison quant au rôle exact de M. Polat, délinquant de droit commun à qui l'on a attribué à tort un rôle qu'il n'a jamais joué", estiment ses avocats, MMes Moad Nefati et Rachid Madid.

Amar Ramdani est lui accusé d'avoir fourni des armes à Amedy Coulibaly et financé les attentats, ce dont il se défend.

Environ 80 témoins sont cités à comparaître. Parmi eux, la majorité des neuf hommes définitivement condamnés à l'issue du procès qui s'était tenu à l'automne 2020, à des peines allant de quatre à dix-huit ans de prison. Aucun d'entre eux n'avait fait appel.

Quelques tensions sont apparues en fin de matinée au sujet du peu de temps prévu pour ces témoins, sur deux après-midis seulement.

Les proches des victimes et les rescapés des attaques sont attendus dès jeudi à la barre.

Ces attentats ont marqué le début d'une funeste série d'attaques jihadistes, avec celle du 13-Novembre, dont le procès s'est achevé en juin, et celle de la promenade des Anglais à Nice, actuellement jugée.

Y.Hube--MP