Münchener Post - Au château du Rocher Portail, un Poudlard breton qui ne dit pas son nom

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Au château du Rocher Portail, un Poudlard breton qui ne dit pas son nom
Au château du Rocher Portail, un Poudlard breton qui ne dit pas son nom / Photo: Damien MEYER - AFP

Au château du Rocher Portail, un Poudlard breton qui ne dit pas son nom

Copie ou inspiration ? Une "école de sorcellerie" a ouvert ses portes au château du Rocher-Portail (Ille-et-Vilaine), le temps des vacances de Toussaint, qui recrée l'univers de Harry Potter et de Poudlard... en évitant soigneusement de les nommer.

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En arrivant devant le superbe château, situé à une trentaine de minutes au sud du Mont-Saint-Michel, quatre gigantesques drapeaux sur la toiture accueillent le visiteur, symbolisant autant d'écoles: Fauvedor, Cerfdelune, Boucfleche et Busarde. Difficile, pour les amateurs de la saga imaginée par J.K. Rowling, de ne pas trouver une ressemblance avec les quatre maisons de l'école Poudlard: Gryffondor, Serdaigle, Poufsouffle et Serpentard.

Le propriétaire du château, Manuel Roussel, qui dit recevoir "chaque semaine des courriers de la Warner", détentrice des droits sur l'univers Harry Potter, nie pourtant toute filiation directe avec le monde du petit sorcier aux lunettes rondes.

"Nos avocats ont répondu à la Warner que ce n'est pas eux qui ont inventé l'école des sorciers: il y a eu +Ma sorcière bien aimée+ (série américaine des années 60 ndlr) et dans l’Histoire, il y a des écoles des sorciers et des sorcelleries, en plus en Bretagne, il y en a plein !", argumente-t-il, précisant que la société américaine lui avait demandé de fermer.

Contactée, la Warner n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

L'avocate du châtelain, Me Soazig Themoin, qui ne souhaite pas évoquer le dossier, a simplement indiqué que la marque "Rocher Portail la nouvelle école des sorciers" ainsi que certains personnages, avaient été déposées à l'Institut national de propriété intellectuelle (Inpi).

"Elles sont en cours d’examen avant enregistrement auprès de l'Inpi", a-elle précisé à l'AFP.

- Duel de sortilèges -

Mais qu'est ce qui a poussé cet amoureux du patrimoine à se lancer dans cette aventure ? Manuel Roussel, "qui a appris à marcher devant le château," a racheté en 2016 le monument classé, qu'il a ouvert au public, après le décès de la propriétaire.

Avec 10.000 curieux la première année, "on a vu que la visite classique était compliquée".

Après avoir d'abord surfé sur la thématique d'un "Downtown Abbey" français, l'entrepreneur a décidé pendant le Covid d'investir plus d'un million d'euros. Objectif: créer une "école française de sorciers" au sein du château édifié début XVIIe par Salomon De Bosse, architecte du palais du Luxembourg et du parlement de Bretagne.

Ainsi, après avoir déboursé 28 euros, les visiteurs et les enfants, souvent déguisés avec des habits appartenant à l'univers de Harry Potter, découvrent les magnifiques salles du château en réalisant le parfait parcours du petit magicien en herbe: duel de sortilèges, préparation de potions, tour de magie ou encore atelier pour neutraliser un sort.

"Comme les enfants aiment bien tout ce qui est univers de sorcier, moi j’ai trouvé ça bien. C’était une bonne idée pour les vacances de la Toussaint. J’ai bien fait de prendre les places car il n’y en a pas beaucoup", glisse Lisa Dubeau, 43 ans, enseignante originaire du Finistère.

"C’est très bien fait, on oublie de faire le lien à Harry Potter, on est dedans", sourit Céline Rioux, venue en famille des Côtes-d'Armor.

Avec 13.000 visiteurs durant les vacances et des dîners de plus de 200 couverts à 99 euros, M. Roussel, qui emploie 25 personnes, qualifie ce ballon d'essai de "gros succès".

"Peut-être qu’un jour on trouvera un accord avec la Warner pour faire quelque chose ensemble ! J’ai de gros projets", assure le châtelain. En attendant, dans la boutique du château, le visiteur peut acheter des capes, des baguettes magiques ainsi que... des romans de la saga Harry Potter.

T.Gruber--MP