A Marseille, un "appel pour la légalisation du cannabis"
Un "appel pour la légalisation du cannabis" a été lancé samedi à Marseille par des élus, universitaires ou professionnels du CBD, qui déplorent le "dogme de la prohibition" en France "quand la majorité de ses voisins ont avancé sur différents modèles de décriminalisation".
Dans leur texte, les organisateurs de ce "forum pour la légalisation" à Marseille rappellent que, selon l'observatoire européen des drogues, "la France est le premier pays européen en terme de consommation de cannabis".
"C'est incroyable qu'en 2022 en France ce sujet soit toujours tabou", a déploré lors d'une conférence de presse Fabien Perez, avocat pénaliste et adjoint au maire de Marseille: "On a une des législations les plus répressives sur le cannabis, et pourtant un des usages les plus répandus, donc c'est une situation d'échec".
"Il faut traiter cette question comme une question de santé publique", a plaidé David Cormand, député européen (groupe des Verts/alliance libre européenne), assurant que "tout un tas de filières autour du chanvre sont mises de côté par cette prohibition".
Le militant Farid Ghehiouèche (collectif Cannabis sans frontières) a souligné lui que "le trafic génère des violences, des assassinats": "Le cannabis ne tue pas, mais la violence liée au trafic, elle, tue".
A Marseille, les règlements de compte sur fond de trafic de stupéfiants font chaque année plusieurs morts --15 en 2021--, laissant des familles entières endeuillées.
Un phénomène qui entraîne "une vraie déstructuration sociale", a déploré Sébastien Béguerie, fondateur de Kanavape, la première e-cigarette au cannabidiol (CBD). "Très tôt les jeunes sont déscolarisés pour faire les guetteurs ou les vendeurs, et finalement ce business ne profite qu'à très peu de personnes, les têtes de réseau", observe-t-il.
Interrogé sur le devenir de ces jeunes si le cannabis était légalisé, Sergio Coronado, secrétaire général du groupe écologiste et citoyen à la ville de Marseille, a reconnu que "la légalisation ne remplace pas une politique publique d'insertion sociale".
En France, la peine pour usage illicite de stupéfiant peut théoriquement aller, depuis une loi de 1970, jusqu'à un an de prison et 3.750 euros d'amende. Mais l'emprisonnement pour usage reste exceptionnel, les magistrats privilégiant des "mesures alternatives aux poursuites" comme des rappels à la loi.
Des amendes forfaitaires ont été mises en place en 2019 pour viser les consommateurs de drogue, permettant aux forces de l'ordre de sanctionner sur place.
T.Murphy--MP