Tête-à-tête entre Biden et Xi, qui dit vouloir oeuvrer à une "transition en douceur" dans l'optique Trump
Le président chinois Xi Jinping a assuré son homologue américain Joe Biden que Pékin oeuvrera à une "transition en douceur" dans les relations Chine-Etats-Unis, samedi lors d'un ultime tête-à-tête officiel entre les deux dirigeants, après un sommet Asie-Pacifique dans un contexte d'incertitudes liées à la réélection de Donald Trump.
Les deux pays devraient "continuer à explorer la bonne voie" pour s'entendre et "parvenir à une coexistence pacifique à long terme", a ajouté M. Xi, cité par l'agence d'Etat Chine nouvelle, lors de la rencontre qui se tient au terme du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC).
Joe Biden était arrivé un peu avant 16H00 locales (21H00 GMT) à l'hôtel où loge Xi Jinping, pour cette dernière rencontre avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.
Les deux dirigeants sont depuis jeudi dans la capitale péruvienne pour participer avec d'autres chefs d'Etat et de gouvernement à la 31e édition du sommet de l'Apec, qui regroupe 21 économies réalisant 60% du PIB mondial.
Au cours d'une session d'échanges à huis clos dans la matinée, le président Xi a évoqué les "défis tels la géopolitique, l'unilatéralisme et le protectionnisme montant". Dans ce contexte, "nous devons nous unir et coopérer", a-t-il lancé à l'adresse dirigeants des économies du Pacifique, cité par la télévision chinoise d'Etat CCTV.
- Vers "isolationnisme et déni" -
En clôturant le sommet, la présidente péruvienne Dina Boluarte a salué un consensus obtenu sur la "feuille de route de Lima", pour "promouvoir la transition vers l'économie formelle et mondiale" de l'économie informelle, prégnante dans plusieurs pays de la région.
Puis elle a transmis la présidence de l'Apec à la Corée du sud, qui accueillera le sommet en 2025.
La réunion Biden-Xi est leur troisième et dernière, avant que le démocrate de 81 ans ne cède la présidence en janvier à Donald Trump.
Selon des responsables américains, ce tête-à-tête vise à capitaliser sur la rencontre historique qui avait permis d'apaiser les tensions il y a un an, au même sommet annuel de l'Apec, à San Francisco.
Les relations entre Chine et Etats-Unis se sont détériorées ces dernières années, du fait de désaccords sur le commerce, le statut de Taïwan, les droits humains ou la compétition technologique. Le dialogue bilatéral s'est cependant tant bien que mal maintenu.
Le conseiller américain à la Sécurité nationale Jake Sullivan a souligné cette semaine "l'importance" de la rencontre entre les deux dirigeants, afin de "gérer les relations (bilatérales) dans cette délicate période de transition".
Selon M. Sullivan, les questions des tensions en mer de Chine méridionale et du maintien des lignes de communication - militaires en particulier - devaient aussi être abordées lors du tête-à-tête, "pas seulement une rencontre pour se dire adieu".
- "Turbulences", et imprévisibilité -
L'ombre de Donald Trump, qui a déjà nommé dans son équipe des tenants d'une ligne dure face à Pékin, devait planer sur leurs échanges.
Pendant sa campagne, le milliardaire a promis de protéger l'industrie américaine, menaçant d'imposer des droits de douane de 10 à 20% sur les produits importés et jusqu’à 60% sur ceux provenant de Chine.
Au cours de son premier mandat (2017-2021), il avait déjà profondément perturbé les relations économiques bilatérales, en déclenchant une guerre commerciale pour forcer Pékin à acheter des produits américains et rééquilibrer une balance commerciale.
Vendredi déjà, Xi Jinping a mis en garde "contre la montée de l'unilatéralisme et du protectionnisme" et jugé que le monde était "entré dans une nouvelle période de turbulences et de transformation".
Inquiétude relayée par Joe Biden, qui a estimé, en marge d'une rencontre avec ses alliés de la région Pacifique Japon et Corée du Sud, que "nous avons maintenant atteint un moment de changement politique important".
Après Lima, Joe Biden et Xi Jinping se rendront au Brésil pour participer au G20.
P.Walsh--MP