Situation toujours très difficile à Mayotte, mais l'aide arrive et la vie reprend
La vie reprend tant bien que mal mercredi à Mayotte, avant une deuxième nuit sous couvre-feu, mis en place pour assurer la sécurité et éviter les pillages après le passage meurtrier du cyclone Chido dans l'archipel, où Emmanuel Macron est attendu jeudi.
Selon des chiffres officiels provisoires, le cyclone a fait 22 morts et 1.373 blessés, même si les autorités craignent un bilan beaucoup plus lourd dans le département le plus pauvre de France, où les secours s'activent quatre jours après la catastrophe naturelle.
Sur l'archipel au paysage défiguré, les habitants des quartiers précaires du chef-lieu Mamoudzou tentent mercredi avec les moyens du bord de rafistoler ce qui peut l'être, en martelant la tôle ou en posant un toit de fortune sur leurs habitations soufflées par le vent.
Plus loin, les bulldozers s'activent pour remettre en état l'héliport du centre hospitalier de Mayotte (CHM), durement touché mais qui continue de fonctionner.
"Petit à petit, on réintègre des services à mesure qu'on arrive à les nettoyer", explique à l'AFP le directeur du CHM, Jean-Mathieu Defour.
Le président Emmanuel Macron, attendu jeudi sur l'archipel où il a promis de déclarer un deuil national, se rendra au chevet des patients mais aussi des soignants du CHM, avant d'aller dans un "quartier détruit", a annoncé mercredi l'Elysée. Le chef de l'Etat emportera dans son avion quatre tonnes de fret alimentaire et sanitaire et emmènera des secouristes.
- "Millions de litres d'eau" -
Dès mercredi, plus de 100 tonnes de vivres doivent être distribuées, a assuré le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau.
"On passe à la phase massive du soutien à Mayotte", a aussi déclaré Patrice Latron, le préfet de La Réunion, île d'où les autorités ont lancé un "pont maritime civil" qui va démarrer dans la nuit avec le départ de quelque 200 conteneurs attendus dimanche sur l'archipel meurtri.
Parmi ce chargement, l'équivalent de "millions de litres d'eau", alors qu'émergent les craintes de pénuries.
Les cyclones se développent habituellement dans l'océan Indien de novembre à mars. Cette année, les eaux de surface étaient proches de 30°C dans la zone, ce qui fournit plus d'énergie aux tempêtes, un phénomène lié au réchauffement climatique observé également cet automne dans l'Atlantique Nord et dans le Pacifique.
A Mayotte, un hôpital de campagne avec une centaine de lits médicalisés sera mis sur pied dans les prochains jours pour "soulager" le CHM, a par ailleurs annoncé François-Noël Buffet, ministre démissionnaire des Outre-mers.
- Décompte délicat -
"Je n'ai jamais vu sur le sol national une catastrophe de cette ampleur. Je pense aux enfants qui ont vu leur maison soufflée, dont les écoles ont été quasiment toutes détruites", a pour sa part réagi mardi soir le nouveau Premier ministre François Bayrou, critiqué pour avoir privilégié le conseil municipal de Pau lundi en pleine crise mahoraise.
Outre les secours, l'établissement d'un bilan humain est l'une des priorités des autorités.
Des gendarmes vont être chargés de réaliser ce décompte macabre, rendu d'autant plus délicat que l'archipel voisin des Comores, d'où est originaire une partie des habitants de Mayotte, est une terre de forte tradition musulmane: selon les rites de l'islam, les défunts doivent être enterrés au plus vite.
Plus de 100.000 habitants, notamment des immigrés en situation irrégulière venant des Comores, vivent dans l'habitat précaire mahorais.
Bruno Retailleau a redit mercredi son intention de légiférer contre l'immigration clandestine "totalement incontrôlée".
Avant de promettre d'être "beaucoup plus dur avec les Comores" qui, selon lui, "poussent des populations vers Mayotte pour susciter une forme d'occupation clandestine".
- Reconstruction -
Pour éviter les pillages, un couvre-feu a été instauré depuis mardi soir de 22H00 à 04H00. Quelque 2.000 membres des forces de l'ordre sont ou vont être mobilisées.
Il faut pouvoir "assurer l'ordre public pour ne pas ajouter du désordre au désordre", a encore déclaré Bruno Retailleau.
Autre priorité: assurer les besoins vitaux en eau et en nourriture.
L'alimentation en eau "fonctionne à 50%" a précisé mercredi François-Noël Buffet, mais elle présente un risque de "mauvaise qualité". L'électricité, elle, n'est que "partiellement remise en route".
La situation est plus favorable sur les routes, désormais "déblayées" sauf dans le nord de la Grande-Terre, qui devait l'être mercredi, selon M. Buffet.
Un délégué interministériel va être nommé pour "anticiper la phase de reconstruction", a assuré Bruno Retailleau.
En parallèle, la fédération professionnelle France Assureurs a annoncé l'envoi d'une "mission de reconnaissance" pour anticiper les déclarations de sinistres, sachant que, selon l'administration, très peu de ménages sont effectivement assurés sur l'archipel.
Matignon a aussi annoncé que les dons jusqu'à 1.000 euros pour Mayotte ouvriraient le droit à une réduction d'impôt égale à 75% jusqu'en mai, contre généralement 66% en temps normal.
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H.Erikson--MP