Aux États-Unis, l'emploi en hausse, la Fed peut se concentrer sur l'inflation
Les créations d'emplois se sont de nouveau accélérées aux États-Unis en décembre, rendant plus probable une pause de la Banque centrale américaine (Fed) dans sa politique de baisse des taux.
Sur le dernier mois de 2024, 256.000 emplois supplémentaires ont été créés, soit davantage qu'en novembre (212.000 créés).
Le chiffre de novembre a certes été revu à la baisse comparé à l'estimation initiale (227.000 emplois) mais il demeure nettement supérieur aux données d'octobre.
Le taux de chômage baisse lui à 4,1% (-0,1 point) en décembre, selon les données publiées vendredi par le département du Travail.
"Malgré le fait d'avoir hérité de la pire crise économique de ces dernières décennies en prenant mes fonctions, avec un chômage à 6%, nous sommes parvenus à maintenir la plus faible moyenne de chômage pour n'importe quel gouvernement ces cinquante dernières années au moment de mon départ", s'est félicité le président américain sortant Joe Biden, qui doit quitter la Maison-Blanche le 20 janvier.
Les marchés ne s'attendaient pas à une telle solidité pour finir l'année: les analystes tablaient en effet plutôt sur 154.000 créations d'emplois pour décembre, selon le consensus publié par briefing.com, soit un ralentissement par rapport à novembre.
"Il s'agit d'une fin d'année solide et le signe prometteur de ce que devrait être la nouvelle année", s'est félicité Ger Doyle, responsable États-Unis pour l'entreprise ManpowerGroup.
"L'emploi a progressé dans la santé, les emplois publics et l'aide sociale. Le commerce de proximité est également reparti à la hausse après des destructions d'emploi en novembre", a détaillé le ministère dans son communiqué.
Sur le dernier trimestre, l'emploi avait dans un premier temps souffert de la grève persistante au sein de Boeing et du passage de deux ouragans dévastateurs dans le sud du pays avant de repartir à la hausse en novembre.
Signe que le marché de l'emploi reste très solide, le nombre de personnes ayant perdu "de manière définitive leur emploi" est en recul sur un mois, même s'il reste stable sur un an, montrant également un retour à la normale après deux années de chiffres particulièrement positifs dans la foulée de la reprise économique post-Covid.
"Le rapport de l'emploi pour décembre dessine le portrait d'un marché de l'emploi solide. Alors que la Fed a indiqué qu'elle comptait ralentir le rythme de ses baisses de taux en 2025, ces données augmentent la probabilité d'au moins une pause", a estimé dans une note le chef économiste de MBA SVP, Mire Fratantoni.
- Économie toujours solide -
La Fed suit en effet à la loupe les chiffres de l'emploi, car ses missions sont d'assurer à la fois la stabilité des prix et le plein emploi.
Tant que l'emploi reste solide, elle peut continuer à se concentrer sur la lutte contre l'inflation, qui n'est toujours pas revenu au niveau espéré de 2%, son objectif de long terme.
Sur les derniers mois de l'année, elle a même eu tendance à remonter un peu, alors même que la Fed avait entamé son cycle de baisse des taux, estimant que l'inflation était sur le bon rythme pour retourner vers sa cible.
Conséquence de ce marché de l'emploi en bonne santé, les salaires progressent également en décembre, de 0,3% sur un mois, moins vite que le mois précédent cependant, et conformément aux attentes du marché cette fois.
Sur un an, les salaires ont progressé en moyenne de 3,9%, ce qui est désormais supérieur au rythme de l'inflation, qui atteignait 2,4% sur un an au mois de novembre, selon l'indice PCE privilégié par la Fed.
"De quoi soutenir les dépenses des consommateurs", a estimé de son côté le chef économiste de HFE, Carl Weinberg, pour qui "il n'y a aucune inquiétude à avoir quant à la solidité de l'économie américaine".
"Rien dans ces données ne risque de pousser la Fed à se précipiter dans ses baisses de taux", a-t-il ajouté.
Les principaux taux de la banque centrale sont désormais situés dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50% et aucune baisse n'est attendue par les marchés lors de la prochaine réunion, prévue fin janvier.
Néanmoins, "malgré la hausse surprise de l'emploi, la Fed va continuer à considérer que sa politique monétaire est restrictive", a jugé pour sa part Samuel Tombs, chef-économiste de Pantheon Macroeconomics.
Peu de chance donc qu'elle réduise donc encore son nombre de baisses de taux envisagées, alors que son président Jerome Powell a ouvert la porte à deux nouvelles baisses, de 0,25 point de pourcentage chacune, sur 2025.
A.Meyer--MP