

Trump malmène le Canada en pleine guerre commerciale
Donald Trump a une nouvelle fois déconcerté les marchés mardi à coups d'annonces contradictoires sur le Canada, sa cible commerciale et diplomatique privilégiée, à la veille de l'entrée en vigueur de droits de douane généralisés sur les importations d'acier et d'aluminium.
Le président américain a souhaité, à sa manière, la bienvenue au futur Premier ministre canadien Mark Carney, sur le point de prendre les rênes du pays, en martelant son souhait de faire du voisin du nord un Etat américain.
Mardi, il a soufflé le chaud et le froid en menaçant de doubler, à 50%, les droits de douane prévus sur l'acier et l'aluminium canadiens, puis en y renonçant quelques heures plus tard.
Une volte-face due au retrait par la province canadienne de l'Ontario de sa surtaxe sur les exportations d'électricité vers trois Etats américains.
Le Canada a continué de faire bloc contre le président américain, qui a estimé que la "seule chose sensée" à faire pour son voisin était de devenir le "51e Etat américain", ce qui mettrait fin de facto à la guerre commerciale. Le républicain de 78 ans a qualifié d'"artificielle" la frontière séparant les deux pays.
Le futur chef du gouvernement canadien Mark Carney a assuré que la riposte de son pays aurait "un impact maximal sur les Etats-Unis et un impact minimum sur le Canada".
"Nous maintiendrons nos droits de douane jusqu'à ce que les Américains nous montrent du respect", a-t-il déclaré sur X.
La température a finalement baissé dans l'après-midi, après un échange téléphonique entre Doug Ford, qui dirige l'Ontario, la province canadienne la plus peuplée, et le ministre américain du Commerce Howard Lutnick. Les deux hommes devraient se rencontrer jeudi à Washington.
Mais le Canada, comme les autres pays, se verra bien appliquer à partir de mercredi 04H01 GMT des droits de douane de 25% sur son acier et son aluminium exportés aux Etats-Unis, qui les utilisent pour l'automobile, l'aviation ou des produits de base comme les conserves.
Selon le cabinet EY-Parthenon, 50% de l'aluminium et 20% de l'acier importés aux Etats-Unis proviennent de son voisin du nord.
- "Pas à vendre" -
Selon M. Ford, qui a jugé que "le Canada n'était pas à vendre", la seule solution est d'abandonner la guerre commerciale lancée par Donald Trump depuis son retour à la Maison Blanche. "Cela renforcera nos deux pays. Nous sommes votre plus important client, nous achetons plus de produits américains que n'importe quel autre pays dans le monde", a-t-il plaidé.
Depuis son investiture le 20 janvier, Donald Trump a multiplié les annonces fracassantes et les revirements tout aussi spectaculaires en matière de droits de douane, ce qui fait tanguer la finance et l'économie mondiale.
Le Canada est peu à peu apparu comme la cible privilégiée de la rhétorique commerciale agressive et des visées expansionnistes du président américain, qui convoite également le Groenland ainsi que le canal de Panama.
L'ancien promoteur immobilier n'a de cesse de clamer son "amour" pour les droits de douane qui, selon lui, doivent permettre à la fois de rapatrier des usines aux Etats-Unis et de réduire le déficit, quitte à causer des "perturbations" financières passagères.
Cet "âge d'or" protectionniste vanté par le milliardaire convainc de moins en moins les investisseurs, qui spéculent désormais sur une récession aux Etats-Unis, chose impensable il y a quelques semaines à peine.
Un risque que Donald Trump a balayé mardi, assurant que l'économie américaine n'entrera pas en récession, ajoutant qu'il n'était "pas inquiet" face à la chute des indices boursiers depuis un peu plus d'une semaine.
La Bourse de New York a terminé en baisse modérée mardi, au lendemain d'une forte chute, les investisseurs naviguant à vue au gré des déclarations changeantes, menaces et concessions, sur les droits de douane.
Signe supplémentaire de la nervosité des marchés, le dollar était en fort recul mardi, perdant jusqu'à 1% par rapport à l'euro, signe de craintes autour de l'impact économique des décisions de Donald Trump, en particulier sa guerre commerciale.
A.Roth--MP