Münchener Post - Londres coupe 5 milliards dans les aides au handicap, fronde chez les travaillistes

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Londres coupe 5 milliards dans les aides au handicap, fronde chez les travaillistes
Londres coupe 5 milliards dans les aides au handicap, fronde chez les travaillistes / Photo: Niklas HALLE'N - AFP

Londres coupe 5 milliards dans les aides au handicap, fronde chez les travaillistes

Desservi par une croissance molle, le gouvernement britannique de centre gauche a annoncé mardi des coupes de 5 milliards de livres par an dans les aides aux personnes handicapées ou malades, suscitant une fronde dans le camp travailliste.

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"Le système de sécurité sociale dont nous avons hérité des Conservateurs échoue à aider les personnes qu'il est censé soutenir et freine notre pays", a déclaré la ministre du Travail Liz Kendall, envoyée au front pour détailler ces coupes drastiques devant les députés.

La mesure la plus contestée vise à durcir les critères d'éligibilité à une aide pour personnes handicapées ou touchés par une maladie de longue durée, la Personal Independence Payment (PIP).

Quelque 3,6 millions de personnes, parmi lesquelles certaines travaillent, bénéficient de cette aide sans conditions de ressources, destinée à couvrir les coûts liés à leur maladie --dont 38% en raison de troubles psychiatriques.

Les mesures annoncées mardi "devraient permettre d'économiser plus de 5 milliards de livres" par an d'ici 2029/30, soit près de 6 milliards d'euros, a estimé Mme Kendall.

L'exécutif défend sa réforme par la nécessité de redessiner un système de protection sociale qui "coûte trop cher" et enferme dans les allocations des personnes, notamment les jeunes, qui pourraient travailler, selon la ministres des Finances Rachel Reeves.

- "Surdiagnostic" des troubles mentaux -

"Il y a à la fois un argument moral et économique", assure un porte-parole du Premier ministre Keir Starmer.

Il a expliqué lundi que le nombre de bénéficiaires du PIP finira par être insoutenable et que, depuis le Covid, beaucoup d'entre eux déclarent "l'anxiété et la dépression comme principale affection".

"Nous devons nous assurer que le PIP va aux bonnes personnes", a-t-il ajouté -- des propos qui renvoient à ceux dimanche du ministre de la Santé Wes Streeting, selon lequel les médecins "surdiagnostiquent" les troubles mentaux.

Le gouvernement britannique, confronté à une économie stagnante, n'a d'autres choix que de couper dans les dépenses s'il veut tenir sa promesse de rééquilibrer les comptes sans nouvelles hausses d'impôts --après la très impopulaire augmentation des cotisations patronales annoncée en octobre.

Le pays a dépensé 296,3 milliards de livres (352 milliards d'euros) en aides sociales en 2023/24, soit 11% de son PIB, d'après les calculs de l'Office for Budget Responsibility, qui contrôle les dépenses du pays.

Les droits de douane de Donald Trump et sa politique diplomatique illisible poussant les Occidentaux, Royaume-Uni compris, à accroître leur dépenses militaires, complique encore la position des travaillistes.

"Le monde a changé", a résumé la semaine dernière Rachel Reeves, attendue le 26 mars pour un très important discours sur les finances publiques.

- "Pauvreté encore plus grande" -

Les premières fuites dans la presse britannique de coupes dans les aides sociales ont fait bondir ces derniers jours les députés travaillistes les plus à gauche, qui ont tenté en coulisse de modérer les ardeurs gouvernementales.

Liz Kendall a ainsi proposé la mise en place d'un "droit à essayer", permettant aux allocataires de tenter de retourner sur le marché du travail sans perdre leurs aides.

Elle a aussi annoncé un milliard de livres d'investissements supplémentaires pour aider les allocataires "à trouver un chemin vers le travail".

"Mon gouvernement essaie de faire deux choses très incompatibles: réparer notre système de protection sociale défaillant et faire des économies", avait réagi lundi Clive Lewis, le député de Norwich, pour l'AFP.

"C'est doublement impossible si nous voulons adhérer aux valeurs travaillistes pour lesquelles les gens ont élu ce gouvernement", avait-il ajouté.

Interrogée par l'AFP, la députée d'York, Rachael Maskell, avait mis en garde contre les "conséquences tragiques" de telles coupes, qui placeraient les personnes handicapées "dans une situation de pauvreté encore plus grande".

Les Britanniques restent plutôt divisés sur les aides sociales, selon un sondage YouGov lundi: 53% jugent pas assez stricts les critères d'obtention. Mais 45% pensent que les personnes handicapées perçoivent trop peu.

H.Klein--MP