Münchener Post - Le pape dans l'Arctique pour la fin de son "voyage pénitentiel" au Canada

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Le pape dans l'Arctique pour la fin de son "voyage pénitentiel" au Canada
Le pape dans l'Arctique pour la fin de son "voyage pénitentiel" au Canada / Photo: Vincenzo PINTO - AFP

Le pape dans l'Arctique pour la fin de son "voyage pénitentiel" au Canada

Le pape est arrivé vendredi en Arctique pour la dernière étape de son voyage "pénitentiel" au Canada à la rencontre des Inuits, qui attendent à leur tour des excuses pour les pensionnats mais espèrent aussi des paroles fortes sur les "abus sexuels".

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C'est au son de chansons de gorge inuites que Jorge Bergoglio a été accueilli à Iqaluit, localité de l'archipel arctique accessible uniquement en avion, dont le nom signifie "place des poissons" et où vivent un peu plus de 7.000 personnes, principalement des autochtones.

Le souverain pontife de 85 ans qui s'est dit vendredi matin à Québec "enrichi" par des rencontres qui l'ont "marqué", doit encore s'entretenir avec des survivants des pensionnats avant de prononcer un dernier discours.

"Maintenant, d'une certaine manière, je me sens aussi comme un membre de votre famille, et j'en suis honoré", a-t-il déclaré dans la matinée à des autochtones.

"Je suis très soulagée par ce qui s'est passé, par les excuses", confie Karol Mablick, 17 ans, qui avoue tout de même ressentir un "mélange d'émotions".

"Cela ne résoudra rien, mais des excuses devant le monde entier, cela signifie beaucoup pour nous", renchérit Elisapee Nooshoota, 36 ans, mère au foyer.

La demande de "pardon pour le mal" fait aux autochtones, prononcée lundi par le pape en Alberta (ouest) près d'un ancien pensionnat, symbole des décennies d'assimilation forcée imposée aux premiers peuples du pays, a été saluée comme "historique".

Même si de nombreux autochtones rappellent qu'il reste beaucoup de chemin à faire et que cela ne représente que la première étape d'un long processus de guérison.

"Ils devraient en faire plus, en mettant en place des thérapies, des centres de soin de la santé mentale", affirme à l'AFP Israel Mablick, 43 ans, passé par un de ces pensionnats.

Entre la fin du XIXe siècle et les années 1990, quelque 150.000 Inuits, métis ou membres des Premières Nations ont été enrôlés de force dans plus de 130 de ces institutions, coupés de leur famille, de leur langue et de leur culture.

Nombre d'entre eux ont subi des abus physiques ou sexuels, et des milliers n'en sont jamais revenus, victimes de maladie, de malnutrition ou de négligence.

- Intervention du pape -

Mais à Iqaluit, ils sont aussi nombreux à attendre des réponses précises du pape au sujet du père Johannes Rivoire, devenu pour beaucoup un symbole de l'impunité des agresseurs sexuels protégés par l'Église.

Ce prêtre français, qui a passé trois décennies dans le Grand Nord canadien, fait l'objet d'un mandat d'arrêt mais il n'a pour l'instant jamais été inquiété. Il a quitté le Canada depuis 1993 et vit en France, à Lyon.

Pour Kilikvak Kabloona, présidente de l'organisation Nunavut Tunngavik qui représente les Inuits du Nunavut, "les excuses du pape n'étaient pas complètes".

"Elles n'ont pas pris en compte les abus sexuels et n'ont pas reconnu le rôle institutionnel de l'Eglise catholique dans la protection des agresseurs, cette protection permet à la violence sexuelle de prospérer", estime-t-elle.

"Nous aimerions que Rivoire soit extradé au Canada pour faire face à ses accusations devant les tribunaux et nous avons demandé au pape d'intervenir pour lui demander de revenir au Canada", ajoute-t-elle encore.

Une délégation inuite a d'ailleurs prévu de se rendre en France en septembre.

Le chef spirituel des 1,3 milliard de catholiques, qui s'est rendu dans l'ouest du Canada puis au Québec lors de ce voyage, se déplace en fauteuil roulant en raison de ses douleurs au genou droit.

A.Gmeiner--MP