La pompe à chaleur, un intérêt grandissant mais des limites
La pompe à chaleur, vantée par Emmanuel Macron, séduit de plus en plus de Français. Mais attention aux maisons mal isolées, à certaines entreprises peu scrupuleuses et à des dossiers de subventions parfois complexes à monter.
Maxime Chantebel, installateur de pompes à chaleur basé en Ille-et-Vilaine, témoigne d'un intérêt grandissant. Il en installe "entre 10 et 20% de plus par an" qu'avant, explique-t-il à l'AFP.
Pour une maison de 120 m2, l'installation peut coûter entre 16.000 et 18.000 euros (pour chauffage et eau chaude), autour de 25.000 euros si c'est une pompe à chaleur (PAC) en géothermie avec le forage, indique Elisabeth Ribeiro, conseillère France Rénov' à Rennes.
Le gouvernement soutient leur installation via des subventions sous condition de ressources. Pour une pompe à chaleur air-eau, elles s'élèvent jusqu'à 4.000 euros pour les ménages aux revenus très modestes et vont pour un système géothermique jusqu'à 10.000 euros.
Ces subventions peuvent être cumulées avec d'autres dispositifs.
Quatre-vingt-dix à 95% des clients de Maxime Chantebel ont droit à des aides, indique-t-il. "On les aide pour monter les dossiers car pour quelqu’un qui n’y connaît absolument rien, c’est très compliqué", estime le professionnel.
Des groupes Facebook regorgent de témoignages de personnes parlant de bugs informatiques, en attente du paiement des subventions depuis un ou deux ans. Certains se tournent vers le Défenseur des droits pour tenter de débloquer leur dossier.
"Le conseil technique et aides financières est gratuit dans les Espaces France Rénov'", souligne Elisabeth Ribeiro.
- Arnaques -
Certains clients potentiels peuvent se heurter à des entreprises peu scrupuleuses. C'est arrivé à Sébastien Olichon quand il a voulu installer une pompe à chaleur dans sa maison des Côtes-d'Armor.
Il a fini par se tourner vers l'entreprise qui entretenait sa chaudière et "en qui (il avait) confiance". "Ils ont fait toutes les démarches" et la pompe à chaleur a été installée une fois le dossier d'aides validé.
Les arnaques les plus courantes sont "les travaux à un euro" et "les pompes à chaleur avec des prix d'installation trop importants, au-delà de 20.000 euros pour les pompes à chaleur air-eau", détaille Mme Ribeiro.
Il peut aussi y avoir "des possibles malfaçons, des travaux non terminés ou l’utilisation de matériaux non conformes", met-elle en garde.
Avant de changer son mode de chauffage, il faut vérifier sa pertinence "par rapport au coût de l'installation et la durée de vie" de l'appareil, explique Jérôme Gautier, chargé de mission chez France Rénov à Rennes.
"Il faut voir le système de chauffage comme le plan B", une fois l'isolation faite, estime Jérôme Gautier.
"La priorité reste de rendre notre parc de logements anciens non énergivores, confortables et sains. Cela passe par l’isolation et une bonne ventilation contrôlée, avant de réfléchir le système de chauffage", renchérit Elisabeth Ribeiro.
Les pompes à chaleur fonctionnant à l'électricité, les factures peuvent s'alourdir l'hiver, quand les températures baissent et que les pompes à chaleur aérothermiques sont moins efficientes.
Emmanuel Macron a annoncé lundi sa volonté de tripler le nombre de pompes à chaleur produites sur le sol français d'ici 2027, à un million d'unités par an, dans le cadre de la planification écologique du gouvernement pour réduire les émissions de CO2 du pays et le réchauffement climatique.
Il faudra que l'information et le traitement des dossiers d'aide puisse suivre, tout comme les installateurs. "Il faut des gens compétents pour poser, entretenir et dépanner", avertit Maxime Chantebel.
O.Wagner--MP