La Grèce réceptionne ses premiers Rafale livrés par la France
Six avions de combat Rafale commandés à la France par la Grèce ont atterri mercredi sur la base militaire grecque de Tanagra, première livraison d'un partenariat franco-grec destiné à muscler l'Europe de la défense et à contrer les ambitions turques en Méditerranée.
Athènes, confrontée à des tensions récurrentes avec la Turquie voisine, a conclu il y a un an avec Paris un contrat, d'un montant d'environ 2,5 milliards d'euros, pour la livraison de 18 Rafale - douze d'occasion et six neufs.
Après une démonstration aérienne et une brève cérémonie devant les six Rafale alignés sur le tarmac, l'ambassadeur de France à Athènes Patrick Maisonnave s'est félicité que "seulement 16 mois séparent" la première annonce grecque et "l'arrivée de ces six premiers appareils aujourd'hui à Tanagra".
"C'est, je pense, du jamais vu", a-t-il déclaré sur la base de Tanagra.
Après ces six appareils reconditionnés, réceptionnés mercredi, six avions de combat neufs seront livrés à la Grèce à partir de l'été 2022 et six autres avions d'occasion en 2023, a indiqué à l'AFP le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier, qualifiant de "moment historique" l'arrivée du Rafale "dans un pays européen, un pays de l'Otan", une "première".
La Grèce a aussi annoncé en septembre 2021 l'achat de six appareils supplémentaires neufs. "Tout est prêt" et la signature du contrat pour livraison au 1er juillet 2024 est imminente, a ajouté M. Trappier, sur le tarmac de Tanagra.
Ces "avions de combat font de notre armée de l'air l'une des plus puissantes d'Europe et de Méditerranée", s'est félicité le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis à Tanagra.
Il a salué "cette première acquisition d'avions de combat après une décennie" de crise économique grecque, soulignant que ces appareils "valorisent la Grèce au niveau opérationnel, technologique et géopolitique" et poursuivent "la tradition de la coopération gréco-française en matière de défense".
Avec la crise financière inédite qui a frappé la Grèce entre 2009 et 2018, le pays avait gelé son programme d’armement. L'économie grecque est toujours en convalescence et sous surveillance de ses créanciers internationaux, UE et FMI.
- Réactions de l'opposition -
Alors que le gouvernement conservateur se vante du "renforcement" de l'armée grecque, les partis d'opposition de gauche ont critiqué un tweet du parti au pouvoir de droite Nouvelle-Démocratie (ND) diffusé mardi et affichant un avion de combat accompagné d'une légende "Ils arrivent" et les drapeaux grec et français.
"Aucun parti dans l'histoire contemporaine du pays n'a transformé l'achat des armements à un spot partisan", a déploré le chef du principal parti d'opposition de gauche Alexis Tsipras.
De son côté le parti de centre-gauche Kinal a également a qualifié "de honte" "l'utilisation des achats d'armements avec l'argent des contribuables, qui souffrent des conséquences de la pandémie et de la hausse des prix, en une propagande de communication de la ND".
La décision du gouvernement conservateur de négocier avec Paris a été prise en septembre 2020 par Athènes en réaction aux explorations gazières de la Turquie et à ses démonstrations de force dans des eaux en Méditerranée orientale disputées avec la Grèce et Chypre.
La France s'était alors rangée au côté d'Athènes et avait envoyé des Rafale et des navires de guerre face au déploiement de navires militaires et de prospection turcs.
La Turquie, pays membre de l'Otan qui a des relations historiquement difficiles avec la Grèce voisine, également membre de l'Otan, avait critiqué l'accord, estimant qu'il menaçait "la paix et la stabilité régionales".
- "Assistance mutuelle" -
Fin septembre, quelques jours après le choc de la crise des sous-marins australien, un nouvel accord franco-grec a été signé concernant une commande par Athènes de trois frégates de défense et d'intervention (FDI), pour un montant "de l'ordre de trois milliards d'euros".
Les trois frégates (baptisées Belharra à l'export) seront construites en France par Naval Group et livrées à la marine grecque en 2025 et 2026. L'accord porte également sur une quatrième frégate en option.
Cette commande prévoit une clause d'assistance mutuelle par "tous les moyens appropriés" si les deux pays "constatent conjointement qu'une agression armée survient contre le territoire" de l'un des deux.
D.Richter--MP