Münchener Post - Barneville, village normand désarmé dans la bataille pour attirer des médecins

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Barneville, village normand désarmé dans la bataille pour attirer des médecins
Barneville, village normand désarmé dans la bataille pour attirer des médecins

Barneville, village normand désarmé dans la bataille pour attirer des médecins

Cabinet médical injoignable car submergé, médecin qui fait de la "surenchère" en exigeant logement gratuit, voiture de fonction et prime pour venir s'installer: le manque de généralistes est "dramatique" à Barneville-Carteret, petite station balnéaire normande, comme dans un nombre croissant de communes.

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"On a payé en juillet 6.000 euros une annonce dans le magazine d'un syndicat de jeunes médecins généralistes. On a eu une seule réponse, choquante", se désole David Legouet maire de cette commune de la Manche qui compte 2.300 habitants l'hiver, 12.000 l'été.

"Je veux une prime d'installation, un logement de fonction (deux ans), une voiture de fonction, un terrain me permettant d'envisager construction, l'assurance de maintenir mon salaire qui est actuellement de 6.770 euros après impôts. Ces conditions remplies, je m'engage avec vous pour dix ans. Très cordialement", a écrit le médecin parisien.

Le maire, par ailleurs conseiller Medef de la Caisse primaire d'assurance maladie, reconnaît que "la grande majorité des médecins ne sont pas dans cette démarche de chasseurs de prime" mais il entend dénoncer une "omerta" sur une "surenchère" qui n'est pas isolée.

Ce genre d'exigences, "c'est déjà arrivé et ça arrivera. Ca doit représenter peut-être une centaine environ au niveau national. Mais ça reste minoritaire", confirme Dominique Dhumeaux, vice-président de l'association des maires ruraux de France (AMRF).

"Parfois des maires, pris en tenaille par une telle pression de la population, font ce type d'offre" d'eux-mêmes, ajoute cet élu sarthois.

- "Enormément de propositions" -

Après avoir pris un patient supplémentaire à midi et avant de partir rendre visite à quatre patients d'ici à 14h, Chantal Strzalkowski, médecin barnevillais bientôt à la retraite, en témoigne.

"On reçoit énormément de petits cartons de plein de régions qui expliquent comment c'est beau, des propositions avec logement gratuit, voiture de fonction, salaire très alléchant".

A Barneville, le Dr Carmen Padilla, 49 ans, a ainsi bénéficié à son arrivée en 2018 d'un logement gratuit pendant trois ans qu'elle paye aujourd'hui 600 euros par mois hors charge. La généraliste espagnole avait répondu à une annonce du prédécesseur de M. Legouet.

La côte, proche des îles anglo-normandes, a beau être "magnifique", selon Mme Padilla, la commune ne compte plus que trois médecins, dont un couple de 75 et 69 ans qui va prendre sa retraite d'ici 12 mois. Il étaient cinq il y a trois ans. Le Dr Padilla "ne pourra pas assumer toute seule. C'est impossible", se désole Annie Pelleriaux secrétaire débordée du cabinet médical où reçoivent les trois généralistes.

Mais pour le maire actuel, pas question d'aller cette fois plus loin que la mise à disposition d'un logement pendant un an. "Comment expliquer qu'on loge un médecin gratuitement alors que vous avez au moins 30 familles qui attendent un logement social", argumente l'élu.

Les médecins qui s'installent en désert médical bénéficient déjà notamment d'une aide de l'Etat de 50.000 euros sur cinq ans pour quatre jours de travail par semaine, rappelle-t-il.

- Centaines d'appels en absence -

En attendant, pour décrocher un rendez-vous avec un médecin à Barneville, il faut se rendre directement au cabinet, un "espace médical" créé par la pharmacie du village, a constaté l'AFP.

Par téléphone, "si vous êtes la cinquième personne en attente", ça sonne dans le vide, confirme la secrétaire médicale confrontée à des centaines d'appels en absence par jour alors qu'elle ne cesse de répondre.

"Pour les gens de notre âge, c'est dramatique", confie Pierre Thiébot, 85 ans, un patient qui sort d'un rendez-vous pris il y a deux semaines. "C'est catastrophique. Quand il faut appeler un taxi pour aller à Cherbourg (à 45 min ndlr) ou à Caen (1h30 ndlr), tout le monde n'a pas les moyens", renchérit l'une des pharmaciennes, qui requiert l'anonymat.

"C'est devenu invivable depuis le dernier départ à la retraite", fin 2020, précise Mme Pelleriaux, "sans parler du Covid et de l'arrivée de nouvelles familles".

La seule solution, pour M. Legouet, serait d'obliger les médecins à s'installer dans des déserts médicaux en début de carrière, comme le proposait notamment un amendement voté récemment au Sénat mais supprimé par les députés.

Mais pour Dominique Dhumeaux, face à une situation qui concerne désormais même certaines grandes villes, cela ne servira à rien tant que le nombre de médecins ne sera pas augmenté.

I.Frank--MP