Münchener Post - Après la venue de Macron, la Nouvelle-Calédonie dans l'expectative

München - 10°C

DANS LES NOUVELLES

Après la venue de Macron, la Nouvelle-Calédonie dans l'expectative
Après la venue de Macron, la Nouvelle-Calédonie dans l'expectative / Photo: Ludovic MARIN - POOL/AFP

Après la venue de Macron, la Nouvelle-Calédonie dans l'expectative

La Nouvelle-Calédonie reste dans l'incertitude vendredi au lendemain d'une visite du président Emmanuel Macron, qui a promis que la réforme électorale contestée par les indépendantistes ne passerait "pas en force" mais maintenu le cap d'une sortie de crise d'ici à fin juin.

Taille du texte:

Dans la foulée du séjour express du chef de l'Etat à Nouméa, la nuit a été "globalement calme malgré quelques incidents isolés", a indiqué le Haut-commissariat.

Emmanuel Macron a rencontré jeudi les loyalistes, favorables à l'élargissement du corps électoral pour les scrutins provinciaux, et les indépendantistes qui estiment que cette mesure va réduire leur poids.

C'est l'adoption de ce projet de loi constitutionnelle par les sénateurs puis les députés qui a mis le feu aux poudres et déclenché une vague de violences que l'île n'avait plus connue depuis quatre décennies.

 

- "Pas le Far West" -

Mais il a demandé "la reprise du dialogue en vue d'un accord global" pour accorder le droit de vote à davantage d'électeurs d'ici à fin juin, afin qu'ensuite "cet accord puisse être soumis au vote des Calédoniens".

Avant cette échéance, l'"objectif est de rétablir l'ordre dans les jours à venir", a répété le chef de l'Etat.

Dans un entretien aux médias locaux télévisé vendredi, il a exigé "de manière immédiate" "la levée de tous les blocages", les "points de violence" et demandé "qu'il y ait un appel clair à ces levées" de la part notamment des indépendantistes du FLNKS ou de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), le collectif accusé par le gouvernement de piloter les émeutes.

La Nouvelle-Calédonie "c'est pas le Far West", a lancé Emmanuel Macron.

Depuis leur début le 13 mai, les émeutes ont causé la mort de six morts, dont deux gendarmes, fait de nombreux blessés et causé des dégâts considérables dans le territoire français du Pacifique Sud.

L'état d'urgence instauré le 16 mai continue d'y prévaloir, avec les mesures qui l'accompagnent: couvre-feu nocturne, interdiction de rassemblement, de transports d'armes et de vente d'alcool, bannissement de l'application TikTok.

Cette dernière mesure a été confortée jeudi par le Conseil d'Etat jeudi.

Les barrages instaurés par les émeutiers restent eux aussi en place.

- Dans l'attente de directives -

Sur la côte est de la Grande Ile, le carrefour entre la route qui en traverse le centre et celle qui longe l'océan est ainsi bloqué à tous les véhicules, sauf ceux de secours.

Dans le quartier de Montravel à Nouméa, les militants étaient en attente vendredi d'une communication officielle du FLNKS sur "les directives" pour la suite du mouvement.

"On se tient prêt à poursuivre la mobilisation puisque apparemment le président de la République ne veut pas nous écouter", a expliqué à l'AFP Yamel, un militant opposé à la réforme électorale.

"Tant qu'il n'y aura pas d’indépendance, il n'y aura pas de sécurité", a prévenu de son côté sous couvert d'anonymat un militant de 51 ans tenant un barrage dans un quartier nord de Nouméa. "Ceux qui respecte le peuple kanak peuvent vivre en paix avec nous, mais les extrémistes, nous les invitons à prendre l'avion à Tontouta", l'aéroport international de l'archipel, a-t-il ajouté.

"On attend tous la décision du FLNKS", a affirmé de son côté la cheffe de file des loyalistes, Sonia Backès, sur la radio RRB. "Un accord est possible si tout le monde est de bonne foi", a estimé l'ex-secrétaire d'Etat du gouvernement.

Mais, elle a prévenu que le retour au calme prendra du temps. "Les opérations qui sont menées quartier par quartier demandent des moyens phénoménaux (...) Les forces de l'ordre se font tirer dessus à balles réelles. Les barrages sont quand même très lourds à débarrasser", a-t-elle ajouté.

- Vols de rapatriement -

Pendant ce temps, la vie reprend doucement dans l'archipel.

"Les opérations de déblaiement avancent" sur les routes et "une centaine de barrages ont pu être neutralisés", a rapporté le Haut-commissariat de la République.

La Banque de Nouvelle-Calédonie a par ailleurs annoncé la réouverture vendredi de cinq de ses 18 agences. Trois d'entre elles ont été incendiées.

Quelque 3.000 policiers et gendarmes participent à la sécurisation de l'archipel, "appuyés par plus de 130 effectifs du Raid et du GIGN", les unités d'élite de la police et de la gendarmerie, selon la même source.

Depuis le début de la crise, 98 policiers et gendarmes ont été blessés, plus de 350 personnes interpellées et "60 officiers de police judiciaire mènent un travail sans relâche pour instruire les enquêtes en cours", a précisé le Haut-commissariat.

L'aéroport de La Tontouta, en revanche, reste fermé depuis le 14 mai. Aucun vol commercial n'y atterrira jusqu'à mardi, a annoncé vendredi son exploitant, la Chambre de commerce et d'industrie (CCI).

Les pays voisins s'activent pour trouver les moyens de faire évacuer leurs ressortissants.

Le gouvernement du Vanuatu a indiqué qu'il organisait vendredi le rapatriement de quelque 160 étudiants dans la journée, avec trois vols. Selon les images de la chaîne de télévision VBTC, c'est un avion militaire français qui a assuré le premier.

La Nouvelle-Zélande a annoncé l'arrivée de 50 de ses ressortissants vendredi matin à Auckland.

H.Klein--MP