Münchener Post - L'opposant vénézuélien González Urrutia assure avoir choisi l'exil "pour changer les choses"

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L'opposant vénézuélien González Urrutia assure avoir choisi l'exil "pour changer les choses"

L'opposant vénézuélien González Urrutia assure avoir choisi l'exil "pour changer les choses"

Il assure être parti en exil en Espagne pour "changer les choses": s'adressant à ses compatriotes, l'opposant vénézuélien Edmundo González Urrutia a appelé lundi dans une lettre écrite depuis Madrid au "dialogue" afin d'éviter un "avenir de souffrance" à son pays.

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M. González Urrutia, poursuivi dans son pays après avoir contesté la réélection controversée en juillet du chef de l'Etat Nicolas Maduro, avait atterri avec son épouse à bord d'un avion militaire espagnol dimanche après-midi à la base aérienne de Torrejon de Ardoz, près de Madrid.

Depuis son arrivée, l'ancien ambassadeur de 75 ans, candidat à la présidentielle de juillet face à Nicolas Maduro, s'était contenté d'un court message audio dans lequel il assurait notamment qu'il allait poursuivre "la lutte pour la liberté et le rétablissement de la démocratie au Venezuela".

Lundi après-midi, il a publié sur X une lettre d'une page datée de la capitale espagnole adressée à ses "chers Vénézuéliens".

Il y explique avoir décidé de partir "pour que les choses changent et pour construire une nouvelle étape pour le Venezuela".

"Notre avenir en tant que pays ne peut pas être, ne doit pas être, celui d'un conflit douloureux", poursuit-il: "Cette décision est un geste qui tend la main à tous (...). Seule la politique du dialogue pourra nous permettre de nous retrouver comme compatriotes".

- "Pas de contrepartie" -

Avant son départ pour l'Espagne, M. Gonzalez Urrutia avait ignoré trois convocations devant les procureurs vénézuéliens, estimant que sa comparution aurait pu lui coûter sa liberté.

Et en Espagne, l'asile politique va lui être "bien entendu" octroyé, a redit lundi le chef de la diplomatie espagnol, José Manuel Albares, sur la radio Onda Cero, assurant qu'il n'y avait eu aucun accord entre le gouvernement espagnol et le gouvernement vénézuélien, ni "contrepartie pour qu'Edmundo González puisse quitter le pays".

Selon son entourage joint par l'AFP, l'opposant ne devrait pas apparaître publiquement avant le retour du ministre des Affaires étrangères, comme du Premier ministre espagnol, actuellement en visite officielle en Chine.

Réfugié clandestinement à l'ambassade d'Espagne depuis un mois lorsqu'il a quitté le Venezuela, Edmundo Gonzalez Urrutia a dû fuir pour "préserver sa liberté et sa vie", selon la cheffe de l'opposition vénézuélienne, Maria Corina Machado, qui a fustigé sur X un "régime (qui) n'a aucun scrupule ni aucune limite dans son obsession de le faire taire et de tenter de le briser".

M. Gonzalez Urrutia avait accepté de remplacer au pied levé comme candidat à la présidentielle Mme Machado, déclarée inéligible.

A Caracas, le procureur général du Venezuela Tarek William Saab, considéré comme aux ordres du pouvoir, a au contraire ironisé sur le départ en Espagne du candidat de l'opposition, évoquant la fin "de saison d'une oeuvre humoristique".

La vice-présidente Delcy Rodriguez a quant à elle assuré que le Venezuela avait accordé les sauf-conduits nécessaires pour son départ "dans l'intérêt de la paix et de la tranquillité politique du pays".

L'opposant vénézuélien était visé depuis le 2 septembre par un mandat d'arrêt, le parquet ayant ouvert des enquêtes pour "désobéissance aux lois", "conspiration, "usurpation de fonctions" et "sabotage".

- Débat parlementaire à Madrid -

Pour l'opposition espagnole, sa venue en Espagne ne "règle" pas le problème: Alberto Núñez Feijóo, chef de file du Parti populaire (droite), a estimé sur X qu'Edmundo González Urrutia devait être reconnu "président élu" du Venezuela et Nicolas Maduro poursuivi devant la CPI.

Le groupe parlementaire du PP a d'ailleurs déposé une proposition de loi qui sera débattue mardi au Congrès des députés pour faire reconnaître la victoire de M. González Urrutia.

Mais le gouvernement, par la voix de sa porte-parole Pilar Alegría, a insisté une nouvelle fois sur l'"absolue nécessité" d'avoir accès aux procès-verbaux des bureaux de vote pour garantir "des résultats fiables" du scrutin.

Nicolas Maduro a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral (CNE), qui n'a pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote.

Selon l'opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, M. Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60% des voix.

Les Etats-Unis, l'Union européenne et plusieurs pays d'Amérique latine ne reconnaissent pas la réélection de M. Maduro. Une grande partie de la communauté internationale n'avait déjà pas reconnu sa réélection en 2018, à l'issue d'un scrutin boycotté par l'opposition qui avait crié à la fraude.

Après l'annonce de la réélection de M. Maduro, des manifestations spontanées ont éclaté. Leur répression a fait 27 morts et 192 blessés, tandis que quelque 2.400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.

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L.Gschwend--MP