Royaume-Uni: Starmer tente de relancer son gouvernement impopulaire
Moins d'attente pour se soigner, plus de policiers et de logements: le Premier ministre britannique Keir Starmer a dévoilé jeudi des objectifs concrets pour améliorer le quotidien des Britanniques, dans une tentative de relancer son gouvernement au plus bas dans les sondages.
Le travailliste, arrivé à Downing Street en juillet après 14 années de gouvernements conservateurs, a dévoilé son "plan pour le changement" depuis les mythiques studios de cinéma de Pinewood, dans le Buckinghamshire (nord-ouest de Londres), où ont notamment été tournés des films de la saga James Bond.
Ce plan "est le programme de gouvernement le plus ambitieux et crédible depuis une génération", a déclaré Keir Starmer.
"Aujourd'hui, nous publions de nouveaux jalons, des jalons mesurables, qui donneront également aux Britanniques le pouvoir de nous demander des comptes", a-t-il insisté.
Depuis son arrivée au pouvoir, l'action de son gouvernement a été largement éclipsée par des polémiques, comme celle sur les cadeaux reçus par plusieurs ministres et Keir Starmer lui-même de la part d'un riche donateur, et des décisions impopulaires prises en tout début de mandat sur des aides sociales.
Et les Britanniques tardent à voir leur vie quotidienne s'améliorer, avec une croissance économique poussive, un taux de chômage en hausse et des services publics (éducation, santé) toujours débordés.
Plus de la moitié d'entre eux (53%) se disent déçus de l'action du gouvernement, selon un sondage Ipsos publié mardi.
Le Premier ministre s'est engagé jeudi sur six objectifs, dont la construction de 1,5 million de logements d'ici 2030 et l'approbation de 150 projets d'infrastructures, l'augmentation du niveau de vie dans toutes les régions du pays, le déploiement de 13.000 policiers de proximité ou encore la réduction de l'attente pour obtenir un traitement dans le système public de santé, qui traverse une crise majeure.
Le but des ces jalons, dont certains étaient déjà connus, "est de faire avancer notre pays", a insisté Keir Starmer, estimant que les atteindre d'ici la fin de la législature serait un "immense défi".
Ce plan s'affiche en "rupture" avec les "fanfaronnades irréalistes" de l'ancien Premier ministre conservateur Boris Johnson et avec "l'acceptation du déclin" de Rishi Sunak, auquel Keir Starmer a succédé à Downing Street, a-t-il ajouté.
Depuis son arrivée au pouvoir, les travaillistes ont notamment accusé les conservateurs d'avoir masqué la situation financière compliquée du pays.
Le discours du Premier ministre "confirme que le Labour a été dans l'opposition pendant 14 ans mais n'est toujours pas prêt pour gouverner", a ironisé sur X la cheffe de l'opposition conservatrice Kemi Badenoch, dénonçant l'absence d'objectif concret sur l'immigration.
- Déception -
En cinq mois, le gouvernement a lancé de nombreux chantiers, en débloquant par exemple 22 milliards de livres (26,5 milliards d'euros) d'ici 2026 pour le système public de santé en crise.
Il a aussi mis un coup d'accélérateur à l'éolien et au solaire pour verdir la production électrique, légiféré pour accorder de nouveaux droits sociaux aux travailleurs et enclenché des réformes emblématiques comme la nationalisation du transport ferroviaire.
En matière d'immigration, un des thèmes majeurs de la campagne électorale du printemps, le gouvernement a accru les moyens pour lutter contre les passeurs afin de tenter d'enrayer les traversées de la Manche par des migrants.
Mais il s'est mis les agriculteurs à dos en supprimant l'exonération des droits de succession dont ils bénéficiaient.
Les retraités ont été heurtés par la suppression du chèque énergie pour des millions d'entre eux, tandis que le budget et ses hausses d'impôts massives ont déçu les entreprises.
De plus, Keir Starmer a dû se séparer de sa cheffe de cabinet, critiquée pour sa gestion du début de son mandat, tandis que sa ministre des Transports a été contrainte de démissionner cette semaine après avoir reconnu avoir menti à la police dans une ancienne affaire de téléphone soi-disant volé.
La semaine dernière, une pétition appelant à la démission de M. Starmer et à l'organisation de nouvelles élections a recueilli près de trois millions de signatures, aidée par le soutien du milliardaire américain Elon Musk sur son réseau social X.
A.Weber--MP