Le groupe HTS a jusqu'à présent envoyé des "messages positifs" aux Syriens selon l'ONU
Le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), fer de lance de l'offensive qui a fait tomber Bachar al-Assad, doit mettre en oeuvre sur le terrain "ses messages positifs" d'unité, a demandé l'envoyé spécial de l'ONU mardi.
Ancienne branche d'al-Qaïda en Syrie (Al-Nosra), organisation avec laquelle il a rompu en 2016, HTS est toujours classé comme "terroriste" par les chancelleries occidentales.
Il y a neuf ans, une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU a inscrit Al-Nosra sur la liste des organisations terroristes, a rappelé l'émissaire de l'ONU, Geir Pedersen, en conférence de presse : "c'est un facteur de complication".
"Mais nous devons (...) voir ce qui s'est passé au cours des neuf dernières années" et "la réalité jusqu'à présent est que HTS et les autres groupes armés ont envoyé des messages positifs au peuple syrien", a-t-il affirmé, soulignant qu'il fallait maintenant transformer ces paroles en actes sur le terrain.
M. Pedersen, qui est en contact avec HTS, a souligné qu'il y avait eu des pillages et des vols dimanche, en particulier à Damas, "mais cela semble avoir cessé" et "c'est une bonne chose".
Surtout, "ils ont envoyé des messages d'unité et d'inclusion et, franchement, nous avons également vu à Alep et à Hama des choses rassurantes sur le terrain", a-t-il assuré, et affirmé que Abou Mohammad al-Jolani, à la tête de HTS, avait mentionné lui-même dans une interview à CNN qu'"ils discutent de la possibilité de démanteler HTS".
Mais "nous devons voir ce qu'ils disent être mis en oeuvre sur le terrain", a-t-il insisté, et "le test le plus important sera la manière dont les accords de transition à Damas seront organisés et mis en oeuvre".
"Si nous unissons les différentes parties et communautés syriennes, cela pourrait être le véritable début de quelque chose de nouveau pour la Syrie", avec le soutien de la communauté internationale, et "nous pourrions alors commencer à envisager la levée des sanctions", a assuré M. Pedersen.
- frappes israéliennes -
Les Etats-Unis et des pays européens ont aussi dit qu'ils jugeraient HTS sur ses actes, appelant notamment à un gouvernement "inclusif".
"Si tous les différents groupes et toutes les communautés de Syrie ont la possibilité de prendre un nouveau départ, je suis convaincu que la communauté internationale se penchera à nouveau sur l'inscription de HTS sur la liste (terroriste, NDLR), car il s'agit alors d'un véritable changement", a assuré M. Pedersen.
Bachar al-Assad, au pouvoir depuis 2000, a été renversé dimanche par une offensive éclair des rebelles islamistes après plus de 13 ans d'un conflit civil sanglant, déclenché par la féroce répression de manifestations prodémocratie, et qui a fait plus d'un demi-million de morts.
La chute de l'ancien président syrien a ouvert une période d'incertitude dans le pays. Et alors que les besoins humanitaires augmentent, l'ONU manque de financements : l'appel de fonds pour la Syrie de 4 milliards d'euros est financé "à moins d'un tiers", a indiqué un porte-parole, Jens Laerke, à Genève.
"La Syrie est aujourd'hui à la croisée des chemins, avec de grandes opportunités, mais aussi de graves risques", a affirmé M. Pedersen, soulignant qu'"il est important que nous n'assistions pas à un conflit" entre les différents groupes armés.
Par ailleurs, les "frappes" et "mouvements israéliens sur le territoire syrien" doivent "cesser", juge l'ancien diplomate norvégien.
L'armée israélienne effectue depuis plusieurs jours une incursion dans la zone tampon à la lisière de la partie du plateau du Golan occupée et annexée. L'Etat hébreu a confirmé avoir détruit au cours des derniers jours des "armes chimiques" en Syrie pour éviter qu'elles ne tombent aux mains des rebelles.
K.Lang--MP