L'Ukraine dit être visée par une attaque russe "massive" sur son secteur énergétique
Les installations énergétiques de l'Ukraine sont la cible vendredi matin d'une attaque "massive" de missiles russes, ont annoncé les autorités ukrainiennes, la Russie bombardant régulièrement ces infrastructures et provoquant des coupures de courant à travers le pays en pleine saison hivernale.
L'Ukraine est également en difficulté sur la ligne de front, reculant depuis des mois dans l'Est, face à la puissance de feu de l'armée russe, et alors que l'aide américaine pourrait se tarir avec le retour au pouvoir en janvier de Donald Trump.
"L'ennemi continue avec la terreur. Une fois encore, le secteur énergétique, à travers l'Ukraine, est la cible d'une attaque massive", a indiqué le ministère ukrainien de l'Energie.
Selon l'armée de l'air ukrainienne, la Russie a lancé dans la matinée sur son voisin plusieurs missiles hypersoniques Kinjal, des groupes de missiles de croisière et des drones explosifs.
De médias ont fait état d'explosions dans une série de régions dans l'ouest, le centre et le sud du pays.
L'ampleur exacte des dégâts est inconnue dans l'immédiat, mais l'opérateur énergétique Ukrenergo a d'ores et déjà annoncé l'élargissement de coupures d'électricité à travers le pays.
Les ingénieurs "prennent toute les mesures nécessaires pour minimiser les conséquences négatives pour le système énergétique", a assuré le ministère de l'Energie.
La moitié de la population de Ternopil (ouest) était privée de courant vendredi matin, selon les autorités régionales, les premières à faire état de telles coupures.
L'armée de l'air polonaise a elle été placée en état d'alerte "maximal" du fait des frappes russes dans l'ouest ukrainien, frontalier de la Pologne.
Depuis près de trois ans, la Russie bombarde avec ses missiles et ses drones les installations énergétiques ukrainiennes, particulièrement à l'approche de l'hiver et en hiver, provoquant des pénuries de courant et plongeant dans le noir et le froid des millions d'Ukrainiens.
- 20 systèmes de défense -
L'Ukraine réclame que ses alliés occidentaux lui livrent plus de moyens de défense aérienne pour protéger ses villes et infrastructures.
Vendredi matin, le ministre des Affaires étrangères Andriï Sybiga a une fois encore renouvelé cet appel, alors que Kiev reproche régulièrement à ses alliés la lenteur et la timidité de leur aide.
"La Russie cherche à nous priver d'énergie. Et nous devons la priver des moyens de (répandre) sa terreur. Je répète mon appel à la livraison de toute urgence de 20 systèmes de défense aérienne, NASAMS, HAWK et IRIS-T", a-t-il écrit sur X.
Outre ces attaques, l'Ukraine est à la peine depuis des mois sur la ligne de front, ne parvenant pas à enrayer les avancées de la Russie, forte d'une avantage en nombre de d'hommes, en armes et en munitions.
Kiev tente aussi de mobiliser ses alliés pour tenir, alors que l'arrivée à la Maison Blanche en janvier de Donald Trump, laisse craindre une réduction du soutien américain.
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre polonais Donald Tusk ont martelé jeudi à Varsovie que la paix en Ukraine ne pouvait se faire aux dépens des Ukrainiens et discuté d'un potentiel envoi de troupes européennes dans ce pays, pour jouer un rôle de maintien de la paix en cas d'accord de cessez-le-feu.
- Trump réclame un cessez-le-feu -
Le président américain élu a lui appelé à un "cessez-le-feu immédiat" et à des négociations pour mettre fin à la guerre, après sa rencontre il y a une semaine avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron à Paris.
Il a aussi dit que l'Ukraine devait s'attendre à "probablement" moins d'aide de la part de Washington.
Dans un article publié par le Time jeudi, Trump s'est par ailleurs dit "vivement opposé" à l'emploi par l'Ukraine de missiles de longue portée américains en territoire russe. "Nous ne faisons qu'intensifier cette guerre et l'aggraver", a-t-il affirmé.
L'administration du président Joe Biden a autorisé en novembre le recours à de tels missiles, après s'y être longtemps opposée, à la suite du déploiement, selon l'Occident et Kiev, de milliers de soldats nord-coréens en soutien aux soldats russes.
Vladimir Poutine a réagi en dénonçant une escalade, accusant les Occidentaux de livrer ainsi une guerre à la Russie.
En représailles, il avait fait tirer fin novembre sur la ville ukrainienne de Dnipro un missile expérimental hypersonique, le Orechnik, d'une portée de milliers de kilomètres.
Vantant les capacités destructrices de cette arme, même lorsqu'elle est équipée de charges conventionnelles, M. Poutine a assuré qu'il n'hésiterait pas à employer ce type de missiles de nouveau.
Le Kremlin a d'ailleurs affirmé jeudi qu'il répondra "obligatoirement" à une attaque ukrainienne de la veille, menée selon Moscou contre un aérodrome militaire en territoire russe avec des missiles américains ATACMS.
G.Loibl--MP