Trump lance son offensive commerciale contre le Canada, le Mexique et la Chine, qui promettent de répliquer
La guerre commerciale est lancée: Donald Trump a imposé samedi 25% de droits de douane sur les produits provenant du Canada et du Mexique, et 10% supplémentaires à ceux déjà existants sur les produits chinois, les trois pays visés promettant aussitôt une riposte.
Le président américain a mis à exécution sa menace de s'en prendre aux trois principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, qui représentent au total plus de 40% des importations du pays.
Il affirme vouloir ainsi forcer les trois pays à agir pour diminuer le trafic de fentanyl et les arrivées de migrants illégaux aux Etats-Unis.
Les réactions mexicaine, canadienne et chinoise ne se sont pas faites attendre.
Sur un ton cinglant, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a annoncé que des droits de douane seraient imposés en représailles sur les produits américains, sans donner de détails.
De son côté, le Canada va imposer des droits de douane de 25% sur des produits américains pour un total de 155 milliards de dollars canadiens" (102 milliards d'euros), a annoncé le Premier ministre démissionnaire Justin Trudeau.
Dès mardi, ces droits de douane seront appliqués sur 30 milliards de dollars d'un vaste éventail de produits allant du bourbon aux appareils ménagers en passant par les fruits et les plastiques.
"Si le président Trump veut inaugurer un nouvel âge d'or pour les États-Unis, la meilleure voie est de s'associer avec le Canada, et non de nous punir", a déclaré M. Trudeau lors d'une conférence de presse au ton très dramatique.
La Chine, quant à elle, prendra des mesures "correspondantes pour protéger résolument" les "droits et intérêts" chinois, a réagi le ministère chinois du Commerce dans un communiqué.
"Les guerres commerciales n'ont pas de vainqueur", a déclaré pour sa part le ministère chinois des Affaires étrangères.
Pékin va par ailleurs déposer plainte contre Washington auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
- "Calomnie" -
Les mesures américaines entreront en vigueur au plus tôt mardi 4 février, selon un premier décret présidentiel que l'AFP a pu consulter. Les hydrocarbures du Canada seront toutefois taxés à seulement 10%.
Donald Trump a expliqué sur son réseau Truth Social s'appuyer sur une loi de 1977 qui permet au président de réglementer le commerce en cas de situation d'urgence nationale. En cause, selon lui, "la menace majeure que représentent les migrants illégaux et les drogues mortelles qui tuent nos concitoyens, notamment le fentanyl".
Selon lui, la Chine exporte vers le Mexique des principes actifs permettant la fabrication par les cartels mexicains du fentanyl, ensuite vendu de l'autre côté de la frontière.
"Les droits de douane annoncés sont nécessaires pour forcer la Chine, le Mexique et le Canada à rendre des comptes à la suite de leurs promesses de faire cesser le flux de drogues toxiques aux Etats-Unis", a expliqué la Maison Blanche sur son compte X.
Concernant le Mexique, ils resteront en place jusqu'à ce que le pays "coopère avec les Etats-Unis pour lutter contre le trafic de drogue".
La Maison Blanche a affirmé, sans preuve, que les cartels avaient "fait alliance avec le gouvernement mexicain". Une accusation qualifiée de "calomnie" par Claudia Sheinbaum.
Quant au Canada, la présidence américaine a estimé que "la production de fentanyl y progresse".
- "Signal clair" -
Du fait de l'accord de libre-échange entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique, les entreprises ne paient théoriquement pas de droits de douane si elles appliquent les règles prévues par cet accord. Celles qui font le choix de ne pas suivre ces directives et se voient appliquer un droits généralement compris entre 5% et 6%.
Au Mexique, Mme Sheinbaum a rencontré dans la journée des chefs d'entreprise, son ministre de l'Économie Marcelo Ebrard et plusieurs ministres.
"Nous savions pour les droits de douane, mais il est sans précédent de voir le gouvernement américain faisant officiellement le lien entre le gouvernement mexicain et les narcotrafiquants", a déclaré à l'AFP l'ancien ambassadeur mexicain Agustin Gutierrez Canet.
"Ce paragraphe est extrêmement dur et inquiétant, c'est l'élément le plus grave au-delà de l'aspect économique. Trump est coutumier de ce type de rhétorique pour mettre la pression mais personne devrait agir à la légère de la sorte", a-t-il ajouté.
Pour Wendy Cutler, vice-présidente de l'Institut de politique publique Asia Society, les taxes "sont un signal clair que tous nos amis, voisins et partenaires sous traité de libre-échange, sont dans la ligne de mire".
Vendredi, Donald Trump a laissé entendre que l'Union européenne pourrait être bientôt concernée, estimant qu'elle avait "très mal traité" les Etats-Unis.
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F.Hartmann--MP