

Après un recul face à Trump, des démocrates en colère contre leurs responsables
La colère monte samedi dans les rangs démocrates aux Etats-Unis, après la décision d'un ténor du parti d'appuyer à contrecoeur un texte républicain pour éviter la paralysie de l'Etat fédéral.
Un recul interprété comme une nouvelle illustration de l'impuissance des dirigeants démocrates à marquer leur opposition à Donald Trump, près de deux mois après le retour du milliardaire républicain à la Maison Blanche.
"Les démocrates doivent RIPOSTER, pas se coucher": Nydia Velazquez, élue new-yorkaise à la Chambre des représentants, avait bien appelé vendredi ses collègues du Sénat à rejeter la proposition de budget provisoire.
Le texte comprend d'importantes coupes dans les dépenses publiques, au moment où l'appareil d'Etat est déjà ébranlé par le limogeage de milliers de fonctionnaires entrepris par Donald Trump et son allié Elon Musk, l'homme le plus riche du monde.
Les appels de Nydia Velazquez sont restés vains, le texte a été adopté à la chambre haute grâce au soutien de dix sénateurs démocrates, dont leur chef, Chuck Schumer.
Le sénateur new-yorkais de 74 ans avait pourtant affirmé cette semaine que son camp était uni dans son opposition à la proposition des républicains. Mais jeudi, il a cédé, et déclaré qu'il voterait en sa faveur, afin d'éviter la paralysie de l'Etat fédéral, ou "shutdown".
- Désunion -
Une solution du moins pire, selon Chuck Schumer, car elle représente "le meilleur moyen de minimiser les dommages que l'administration Trump fera subir au peuple américain".
Son allié Dick Durbin a abondé. "Au moment où Donald Trump et Elon Musk y vont à la tronçonneuse dans les effectifs de l'Etat fédéral (...), la dernière chose dont nous avons besoin, c'est de plonger notre pays dans davantage de chaos," a déclaré le démocrate.
Au sein de leur camp, la pilule a du mal à passer.
"Aujourd'hui est un mauvais jour pour le pays. Mais je ne vais pas minimiser les choses, aujourd'hui est également un mauvais jour pour le Parti démocrate", a déclaré le sénateur californien Adam Schiff, dans une vidéo sur son compte X après le vote.
Face à la mainmise des républicains sur la Maison Blanche et les deux chambres du Congrès, et à une Cour suprême conservatrice, "le seul espoir que nous avons pour faire face à ce président, pour repousser les mesures destructrices qu'il prend, c'est de rester ensemble", a ajouté Adam Schiff.
Mais la figure progressiste Alexandria Ocasio-Cortez s'est insurgée contre le vote, déclarant que les sénateurs démocrates avaient "détruit" leurs chances de coopération avec leurs collègues à la Chambre des représentants en raison de leur "abdication inexplicable fondée sur la peur".
"Tout ce qui se passera ensuite sera de leur faute", a-t-elle asséné sur la plateforme Bluesky.
"Notre parti n'a rien d'une secte, c'est une coalition" a dit le chef de la minorité démocrate à la chambre basse, Hakeem Jeffries, comme pour tenter d'atténuer la désunion au sein de son camp.
- "Finie la lâcheté" -
Plus tôt cette semaine, l'élue progressiste Pramila Jayapal avait prévenu que les sénateurs démocrates qui voteraient en faveur du texte feraient face à un "énorme retour de bâton".
C'est déjà le cas pour Chuck Schumer, qui a vu une centaine de manifestants protester vendredi devant son domicile à New York.
L'association de jeunes écologistes Sunrise Movement a également exprimé son mécontentement à l'extérieur du bureau du sénateur à Washington, pour l'appeler à "passer à la vitesse supérieure" dans la lutte, ou, dans le cas contraire, à "s'écarter".
Les sénateurs démocrates qui ont voté le texte "viennent de donner carte blanche à Musk et Trump pour détruire nos agences environnementales et éviscérer le service public", a tonné Brett Hartl, responsable de l'association écologiste Centre pour la biodiversité.
En attendant, les républicains -- et Donald Trump en tête -- se réjouissent de l'absence d'entente dans l'opposition.
"Félicitations à Chuck Schumer pour avoir fait ce qu'il fallait, en prenant son courage à deux mains", a lancé le président sur son réseau Truth Social vendredi, saluant une "décision très judicieuse et intelligente".
F.Koch--MP