

Minute de silence en Birmanie pour les plus de 2.000 morts du séisme
Les Birmans vont observer mardi une minute de silence pour les victimes du séisme dévastateur qui a tué plus de 2.000 personnes et ravagé quantité de bâtiments et d'infrastructures dans un pays laissé exsangue par un conflit civil.
Quatre jours après le tremblement d'amplitude 7,7, de nombreux Birmans campent encore en plein air, faute d'abri, alors que des répliques continues maintiennent la peur de nouvelles destructions.
Les drapeaux seront mis en berne jusqu'à dimanche, durant la semaine de deuil national décrétée lundi par la junte, en signe de sympathie pour les pertes humaines et les dégâts", selon les généraux.
Une minute de silence sera observée mardi à 12 heures 51 min et 02 secondes (06H21 GMT), à l'heure précise où la plus violente secousse jamais constatée dans le pays ces dernières décennies s'est produite.
Les autorités birmanes ont fait état lundi en fin de journée d'environ 2.056 morts, 3.900 blessés et 270 disparus, mais les experts anticipent des milliers de morts supplémentaires, la faille de Sagaing, à l'origine du séisme, traversant des régions parmi les plus peuplées du pays, dont la capitale Naypyidaw, et Mandalay.
La guerre civile, qui a mis à genoux les infrastructures vitales, et fracturé le pays où sont actifs des dizaines de groupes armés de minorités ethniques et d'opposants politiques, complique aussi la collecte d'informations.
Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé le décès de deux de ses ressortissants, et trois Chinois ont aussi été tués dans le séisme, a rapporté le média d'Etat Chine nouvelle.
Proche de l'épicentre, Mandalay, où résident plus de 1,7 millions d'habitants, a subi les pires destructions, de nombreux immeubles résidentiels étant réduits à l'état de ruines.
"Je ne me sens pas en sécurité. Il y a des bâtiments de six ou sept étages à côté de ma maison qui penchent, et ils peuvent s'effondrer à tout moment", a déclaré à l'AFP Soe Tint, un horloger, parmi les centaines d'habitants contraints à dormir dehors. "On a beaucoup de difficultés, comme l'accès à l'eau, à l'électricité, ou les toilettes."
- Patients sur le parking -
Certains ont des tentes, mais beaucoup, y compris des bébés et des enfants, se sont couchés sur des couvertures au milieu des routes, en s'éloignant le plus possible des bâtiments endommagés.
Un peu partout dans la ville, des complexes d'appartements ont été rasés, de même qu'un site religieux bouddhiste et des hôtels. De certains sites sinistrés ressort l'odeur des corps en décomposition.
Au principal hôpital de la ville, des centaines de patients, dont des bébés et des personnes âgés, sont soignés sur le parking, sur des lits à roulettes à l'extérieur, au cas où des répliques causeraient des dégâts dans le bâtiment.
A la périphérie de Mandalay, un crématorium a reçu des centaines de corps, et beaucoup d'autres sont attendus à mesure que les victimes sont extraites des décombres.
Le conflit civil qui dure depuis le coup d'État du 1er février 2021 contre le gouvernement élu d'Aung San Suu Kyi a sapé le système de santé. La situation était déjà alarmante avant le séisme, les combats ayant déplacé plus de 3,5 millions de personnes vulnérables, d'après les Nations unies.
La junte a assuré qu'elle faisait de son mieux, mais ces derniers jours, des informations ont fait état de nouvelles frappes aériennes contre ses adversaires.
- Dizaines de disparus à Bangkok -
L'envoyée spéciale des Nations unies pour la Birmanie, Julie Bishop, a appelé lundi toutes les parties à cesser les hostilités, et prioriser les opérations d'aide aux civils.
Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a lancé vendredi un appel au secours auprès de la communauté internationale, une démarche rarissime pour un haut-gradé birman, qui illustre l'ampleur de la catastrophe.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé dimanche le séisme au plus haut degré de ses urgences, pendant que la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a lancé un appel pour récolter plus de 100 millions de dollars.
La Chine, la Russie et l'Inde ont déployé des équipes, alors que les Etats-Unis ont annoncé lundi le déploiement d'"experts humanitaires".
Il fera encore très chaud mardi à Mandalay, où les températures sont attendues autour de 40 degrés.
A près de 1.000 kilomètres de l'épicentre, à Bangkok, des secours continuent mardi de chercher des survivants dans les décombres de la tour en construction de 30 étages qui s'est effondrée. Quelque 19 personnes ont trouvé la mort dans la capitale thaïlandaise, mais des dizaines d'autres sont toujours portées disparues.
W.F.Walter--MP