L'académie Rafa Nadal, héritage et ADN du maître espagnol
Peut-être plus encore que ses 22 titres en Grand Chelem, Rafael Nadal laisse avec son académie un héritage au tennis marqué de son sceau: former des talents certes, mais surtout doués des valeurs qui l'ont porté au sommet. Son "ADN".
Rafael Nadal n'est plus joueur de tennis professionnel. Sa retraite, officiellement actée mardi après son dernier match de Coupe Davis à Malaga, est forcément "un moment émouvant" pour Joan Suasi, directeur commercial de la Rafa Nadal Academy.
"La retraite de Rafa devait arriver tôt ou tard, mais le sentiment est spécial, c'est émouvant", a expliqué à l'AFP Joan Suasi, un des fondateurs de l'académie, avant la der de Nadal.
Sa retraite sportive, Nadal a peut-être commencé à l'anticiper il y a huit ans: un jour d'octobre 2016, la star des Baléares lève le voile sur sa flambant neuve académie à Manacor, sa ville natale, lors d'une cérémonie en présence de son grand rival Roger Federer. Aujourd'hui, le complexe créé par le taureau de Manacor est une référence mondiale.
"L'évolution a été fulgurante. Au début, il s'agissait d'un projet plus modeste mais l'évolution a été spectaculaire, nous avons créé différents secteurs d'activité. Nous avons 27 tournois internationaux en ce moment, une école de quartier, un club avec plus de 2.500 membres", explique Suasi.
De 25 terrains à sa création, l'académie en compte désormais une cinquantaine, extérieurs ou intérieurs, en terre battue ou en dur. On y trouve des terrains de padel, des gymnases, un centre de santé, de physiothérapie et de nutrition, ainsi qu'une école internationale. Sans oublier un musée, qui rassemble les trophées du maître.
- "Apprendre à souffrir" -
"La raison d'être de l'académie est d'éduquer à travers des valeurs et d'éduquer à travers le sport, c'est notre ADN, et en parallèle nous avons les autres activités. Rafa est une personne qui a été tout au long de sa vie très sensible au comportement, à l'éducation, et c'est ce que nous essayons de transmettre", appuie Suasi.
Dans les allées et les couloirs de l'académie, tout est fait pour rappeler l'exigence de l'Espagnol, de la statue immortalisant son fameux coup droit lasso aux petites citations, imprimées comme des mantras: "Pendant ma carrière, j'ai appris à souffrir" ; "Je travaille toujours avec un objectif et cet objectif est de m'améliorer en tant que joueur et en tant que personne".
Son oncle Toni Nadal, l'entraîneur qui a sculpté le grand champion depuis son enfance, a dirigé l'académie de 2016 à 2023. L'an dernier, il expliquait à l'AFP la philosophie en vigueur en son sein: "Ce qui compte, c'est que chaque enfant qui vient ici profite au maximum de son temps et qu'en partant, qu'il soit performant ou non, il ait le sentiment de ne pas avoir perdu son temps".
L'éducation avant la performance, Joan Suasi abonde en ce sens: "Nous avons des enfants qui étudient et qui veulent se diriger vers le professionnalisme, mais nous savons que beaucoup n'y parviendront pas, et ceux-là doivent avoir la possibilité de continuer à étudier".
- "Pour le reste de sa vie" -
Parmi les centres de formation les plus prestigieux au monde, l'académie se distingue par son côté ouvert. Dans ses couloirs, on peut aussi bien y croiser des Casper Ruud ou Felix Auger-Aliassime en train de parfaire leur jeu que des personnes lambda venues profiter des installations, séjourner dans l'hôtel Rafa Nadal et manger au restaurant Roland-Garros.
"Nous sommes un complexe touristico-sportif, nous ouvrons la porte à tous ceux qui s'intéressent au sport, pour passer des vacances dans un endroit merveilleux", confirme Suasi.
Reste à savoir comment le rôle de l'idole, désormais retraité des courts, évoluera.
"Rafa, c'est le tennis, il aime la compétition, alors pourquoi ne pas entraîner ? Je pense qu'il aimerait s'occuper des aspects sportifs et de gestion", affirme Suasi, même s'il ne le voit pas être entraîneur à temps plein.
Suasi espère que le nouveau chapitre de sa vie s'écrira en grande partie à Manacor: "Depuis que nous avons fondé l'académie, il nous a dit qu'il le faisait pour s'impliquer, c'est pour cela qu'il l'a fait à la maison, parce qu'il veut vivre ici pour le reste de sa vie".
M.Schulz--MP