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Course de vitesse pour prendre position sur l'internet spatial
Course de vitesse pour prendre position sur l'internet spatial

Course de vitesse pour prendre position sur l'internet spatial

L'internet par satellite, déjà une réalité commerciale, va voir la concurrence s'intensifier avec le déploiement prévu de milliers d'engins en orbite basse, censés apporter du haut débit dans le monde entier sans la lourdeur des infrastructures au sol.

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Amazon a franchi un pas décisif mardi dans le déploiement de sa constellation Kuiper, dotée d'un budget de plus de 10 milliards de dollars, en confiant des lancements à trois sociétés, dont Arianespace.

Le géant américain de la vente en ligne veut renforcer sa lucrative diversification dans les services informatiques et "fournir un haut débit à faible latence à un large éventail de clients", dont ceux "travaillant dans des endroits dépourvus de connexion internet fiable".

"Les solutions par satellite sont un complément indispensable de la fibre", remarque le président exécutif d'Arianespace, Stéphane Israël. "Il y a des situations dans lesquelles la fibre coûte beaucoup trop cher par rapport à des connexions par satellite, notamment pour atteindre le dernier habitant d'un territoire reculé".

Outre les satellites eux-mêmes, Amazon prévoit "de petits terminaux clients abordables", dans la lignée des enceintes intelligentes Echo et des liseuses Kindle.

Le groupe promet de "fournir un service à un prix abordable et accessible pour les clients", sans plus de détails tarifaires dans l'immédiat.

La force de frappe d'Amazon pourra-t-elle faire la différence dans un secteur où la concurrence s'exacerbe, et a parfois pris un temps d'avance?

L'internet par satellite existe déjà, comme avec HughesNet et ViaSat aux Etats-Unis, tandis qu'en Europe, entre autres, la filiale d'Orange Nordnet recourt à la puissance du satellite Eutelsat Konnect pour offrir du haut débit à ses clients.

Les tarifs grand public démarrent sous 60 euros ou 70 dollars mensuels, hors terminal et antenne, et augmentent selon la bande passante nécessaire.

Ces services passent par des engins en orbite géostationnaire, à plus de 35.000 km d'altitude, et même s'ils promettent des débits trois à cinq fois supérieurs à ceux de l'ADSL, cet éloignement fait qu'ils ne peuvent pas atteindre les performances de la fibre, et sont handicapés par le délai entre la commande et l'exécution de la requête. Pour cette raison, HughesNet déconseille ses produits aux "gamers".

Les futurs satellites d'Amazon, comme ceux déjà mis en place par Starlink, filiale du SpaceX d'Elon Musk, évoluent en revanche en orbite terrestre basse (OTB, LEO en anglais), soit quelque 600 km.

- Orbite basse plus vulnérable -

"L'avantage du LEO, c'est que vous réduisez le délai de latence. En réduisant le délai de latence, vous maximisez les usages", remarque M. Israël.

En revanche, le fait d'être plus près de la Terre rend nécessaire d'envoyer beaucoup d'engins en orbite: plus de 3.200 pour Amazon, et des milliers pour Starlink, dont quelque 1.500 sont déjà actifs.

De son côté, le britannique OneWeb a lancé 428 des 648 satellites de sa constellation, également en orbite basse. Il prévoit un internet mondial opérationnel fin 2022.

La Chine de son côté prévoit de déployer pas moins de 13.000 satellites "Guowang", tandis que l'Europe est entrée dans le jeu avec un accord en février pour développer sa propre constellation de satellites de communications.

Au-delà des enjeux de souveraineté, cette effervescence répond à une explosion récente des besoins.

"Autrefois considérée comme un luxe, la connectivité à internet est devenue cruciale pour de nombreuses personnes pendant la pandémie de Covid-19, alors que les populations avaient ordre de rester chez elles et que de nombreuses pratiques sont passées en ligne", remarquait fin mars l'Union internationale des télécommunications (UIT), une agence de l'ONU.

"Les besoins en bande passante se sont envolés dans le monde et on ne lancera jamais assez de satellites pour répondre à la demande", prédit un dirigeant d'entreprise rencontré par l'AFP cette semaine à Colorado Springs (Etats-Unis), en marge du plus grand salon professionnel des technologies spatiales.

Mais ce spécialiste de la commercialisation de bande passante, s'exprimant sous couvert d'anonymat, remarque aussi que les engins en orbite basse sont bien plus vulnérables que les géostationnaires, comme l'a montré la récente perte de dizaines de Starlink après un orage magnétique.

Conséquence, "il faudra constamment les remplacer". Ce qui n'est pas une mauvaise nouvelle pour les lanceurs.

S.Schuster--MP