Kinshasa, dernière étape du périple du cercueil de Patrice Lumumba en RDC
Deuil national, hommages officiels et populaires suivis de l'inhumation: le cercueil de Patrice Lumumba est attendu lundi à Kinshasa, dernière étape du pèlerinage mémoriel qui a retracé la vie du héros de l'indépendance de la République démocratique du Congo.
L'avion transportant sa dépouille, dont il ne reste qu'une dent restituée le 20 juin par la Belgique à la RDC, doit quitter Lubumbashi (sud-est) dans la matinée. Au moment du décollage, les drapeaux seront mis en berne sur toute l'étendue du territoire en hommage au premier Premier ministre du pays assassiné il y a plus de 61 ans, pour un deuil national prévu jusqu'au 30 juin.
Le président Félix Tshisekedi sera à la tête du comité d'accueil du cercueil à l'aéroport international de Ndjili de Kinshasa, entouré des chefs coutumiers présents dans la capitale congolaise, selon le programme officiel.
Comme aux étapes du Sankuru (centre), sa terre natale, de Kisangani (nord-est), ancien fief politique du héros national et du Haut-Katanga, le lieu de son assassinat le 17 janvier 1961, un programme culturel et religieux est prévu à Kinshasa, l'étape du deuil national et de l'inhumation.
Des chants traditionnels, avec une polyphonie pygmée et une centaine de batteurs de tam-tams, vont accompagner le cortège de l'aéroport jusqu'au Palais du peuple, siège du Parlement congolais où des hommages lui seront rendus par des officiels, des invités et la population.
Élu en mai 1960 député de la circonscription de Kisangani, c'est à Kinshasa (l'ex-Léopoldville) que Patrice Lumumba a été désigné Premier ministre, en sa qualité de chef de file de la coalition majoritaire dans les deux chambres du Parlement.
- Martyr -
Mais c'est avec un discours contre le racisme des colons belges qu'il est entré dans la légende, le 30 juin 1960, devenant une icône des indépendances africaines.
"Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres", déclarait-il à Kinshasa devant le roi Baudouin lors de la cérémonie officielle marquant la naissance de la RD Congo, alors que le programme ne prévoyait pas qu'il prenne la parole.
Selon les historiens, ce discours virulent avait scellé le sort de ce nationaliste considéré comme un "communiste" par ses détracteurs.
Son bail à la tête du gouvernement du nouvel État indépendant n'a duré que 75 jours, du 30 juin au 12 septembre 1960.
Son gouvernement fut neutralisé par le président Joseph Kasa-Vubu et le chef de l'armée Joseph-Désiré Mobutu, qui ont installé une équipe gouvernementale intérimaire constituée essentiellement d'étudiants et des rares universitaires congolais, baptisée "Gouvernement des Commissaires généraux".
Mis en résidence surveillée, il a pu échapper à la vigilance des militaires commis à sa garde et a quitté Kinshasa par la route pour rejoindre son fief de Kisangani, où ses proches l'avaient précédé pour préparer la résistance.
Mais avant d'atteindre le centre du pays, ses bourreaux l'ont arrêté et ramené auprès de ses redoutables adversaires, qui lui ont imposé un chemin de croix jusqu'à sa mise à mort par des séparatistes katangais à Shilatembo, près de Lubumbashi, avec l'appui de mercenaires belges.
Son corps, dissous dans l'acide, n'a jamais été retrouvé. Il a fallu des décennies pour découvrir que des restes humains avaient été conservés en Belgique, quand un policier belge ayant participé à la disparition s'en est vanté dans les médias. Une dent que ce policier avait en sa possession a été saisie en 2016 par la justice belge.
La cérémonie d'inhumation se déroulera le 30 juin, jour de la fête de l'Indépendance, dans un site aménagé sur une grande artère de la capitale congolaise qui porte le nom de ce martyr de l'indépendance de la RDC.
M.Schulz--MP